Thursday, December 21, 2023

Bon solstice d'hiver à vous tous !

 



Chers amis,
 
Aujourd'hui, le 21 décembre 2023, nous nous trouvons hélas au plus profond de la nuit. Tout autour de nous règnent la haine, les divisions, la guerre, 
la remontée des intolérances et fascismes mais aussi la détresse profonde de notre environnement naturel, celle de notre Mère, la Terre.

La série "Les Maîtres de l'Orage" a été écrite comme une mise en garde contre la répétition du passé pour nous tous et surtout pour ceux qui refusent d'en apprendre les dures leçons. Lorsque les portes de l'Ailleurs se sont refermées à la fin de la série, nous savions que ce n'était pas pour toujours et que la vigilance devrait être continuelle pour les deux gardiens de l'Île Verte mais aussi pour nous tous.

En ce jour de solstice où l'appel de la lumière se laisse deviner au plus sombre de la nuit, je partage avec vous un extrait du troisième tome, La Voix de l'Egrégore : l'Appel. Il raconte ce qui arrive au protagoniste du présent (la série se joue sur deux époques), lorsqu'il assiste à un rituel païen très ancien : « le combat entre le Seigneur du houx, le Seigneur de l’obscurité, et le Seigneur du chêne, le Seigneur de la lumière. Ils sont frères, dans la légende, et se disputent toute l’année. L’un possède l’hiver et l’autre l’été. Au solstice d’hiver, c’est le Seigneur du chêne qui gagne. Au solstice d’été, c’est le contraire. » Cependant, cette fois-ci, le rituel est retourné à l'envers et rien ne va plus…

Ce passage me semble bien correspondre à cette période difficile que nous vivons, mais l'espoir ne doit jamais disparaître en nous car la lumière réussit toujours à vaincre les ténèbres lorsque les cœurs de femmes et d’hommes de bonne volonté se battent pour elle.

Bon solstice à vous tous !

La série des "Maîtres de l'Orage" est disponible en commande chez votre libraire ou sur les librairies en ligne, ainsi que sur Amazon en versions papier et électronique. Bonne lecture !

 

****************

 

"Arnaud avait la sensation d’avoir marché pendant des heures. Son corps entier le faisait souffrir car il avançait dans le noir, les sens en éveil et les muscles raidis. Ses bras étaient tendus devant lui pour éviter les obstacles et ses yeux étaient écarquillés pour tenter de voir le mieux possible. Il tendait aussi l’oreille mais en vain. Pourquoi n’entendait-il rien du tout, non seulement aucun son de voix venu du groupe de Tal, mais, plus inquiétant encore, aucun bruit d’animaux nocturnes ou de vent dans les branches. Juste ses pas sur le lit de feuilles sèches qui couvrait le sol de la forêt.

Quand la lune sortit des nuages, son corps entier se détendit et il s’arrêta. Il remarqua que les arbres autour de lui étaient énormes et se demanda où il avait pu s’égarer, car la forêt qu’il connaissait, replantée après la destruction de l’ancienne forêt à la fin de la guerre, était récente et n’avait pas d’arbres de cette taille. Malgré le froid, il transpirait. Quelque chose ne collait pas.

Au détour d’un bosquet, il se retrouva dans un endroit qui lui parut familier. La lune l’éclairait et quand il le reconnut un frisson d’angoisse le traversa. C’était la clairière du fantôme de Marwen. Il avait dû tourner en rond et malgré tous ses efforts il se retrouvait à l’endroit même d’où il voulait partir. Il regarda autour de lui et remarqua que, bien que ce soit la même clairière, la végétation qui l’entourait n’était pas la même. Au lieu des maigres bosquets qu’il connaissait, des arbres splendides, des chênes majestueux, la bordaient. Ici et là, aussi, de somptueux massifs de houx luisaient dans la pâleur lunaire, l’incarnat des baies comme des gouttes de sang contre le vert foncé des feuilles.

Un de ces massifs en particulier attira son attention car il semblait illuminé de l’intérieur. Malgré sa peur, Arnaud se sentit attiré par la plante irréelle. Quand il l’atteignit, elle ne lui sembla plus si extraordinaire, mais il eut la certitude que le lieu où elle se trouvait, baigné de lumière lunaire, était le lieu où il avait vu le fantôme du chien et de Marwen. Le chien avait creusé cet endroit avec ardeur, et le garçon fut pris lui aussi d’une soudaine envie de creuser. Il s’accroupit et se mit à arracher l’herbe et à gratter la terre encombrée de racines qui était dessous. Il était sûr que sa présence à cet endroit n’était pas un hasard et qu’il devait chercher ce que l’apparition lui avait signalé. À cette idée, sa peur s’évapora, remplacée par une curiosité passionnée. La tâche était difficile et il chercha une pierre ou un bâton pour l’aider à creuser.

Il ne progressait que lentement et bientôt la fatigue et la soif l’assaillirent. Il venait d’atteindre une sorte de dalle sous la terre et s’était égratigné la main en essayant de la déblayer. Elle devait contenir du quartz car elle scintillait comme un joyau et accrochait la lumière pâle. Il remarqua des taches sombres sur la dalle et réalisa avec effroi que c’était son sang qui gouttait sur la pierre. En hâte, il fouilla les poches de son caban et trouva un mouchoir froissé d’une propreté douteuse dont il entoura sa blessure. Quand ses yeux se reposèrent sur la pierre les taches de sang avaient disparu. Pourtant il était sûr… La fatigue et la pénombre le faisaient délirer.

Il se dit que c’était le moment idéal pour se reposer un peu en attendant l’aube qui ne devrait plus tarder. Il s’allongea sur la pierre, ses genoux repliés sur sa poitrine, son écharpe en boule sous sa tête, et se blottit comme il le put dans son manteau en laine. Sa tête et son corps lui faisaient mal. Il ferma les yeux juste pour les reposer un instant car ils le brûlaient. Dans le silence profond, il entendrait facilement si un intrus s’approchait. Mais, sans s’en rendre compte, l’épuisement ayant eu raison de lui, il sombra dans un sommeil lourd.

 

***

 

            Des cliquetis, des bruits mats de sabots piétinant le sol, et un souffle glacé sur son visage forcèrent Arnaud à ouvrir les yeux. Ses paupières étaient si lourdes qu’il dut s’y reprendre à deux fois. S’arracher au sommeil lui parut aussi difficile que s’extirper d’un marécage. Le corps paralysé et l’esprit embrumé, il voulut voir d’où venaient les bruits.

Deux chevaux, l’un noir et l’autre blanc, se faisaient face, chacun à l’extrémité opposée de la clairière dont les dimensions paraissaient beaucoup plus vastes qu’auparavant. De l’endroit où gisait Arnaud, les chevaux semblaient gigantesques. Chacun portait sur son dos un chevalier au costume d’un autre temps. Sur le cheval blanc, l’homme était drapé dans une immense cape blanche. Son casque coiffé d’une couronne de feuilles de chêne était surmonté de bois de cerf en or. De l’autre côté, comme un double sombre du chevalier blanc, son adversaire portait exactement le même costume mais tout en noir, et son casque surmonté d’andouillers en or était entouré d’une couronne de houx.

            La tête d’Arnaud lui faisait mal. Il essayait de comprendre la scène à laquelle il assistait. Les amies de Tal avaient visiblement décidé de suivre l’ancien rituel dont elles avaient parlé dans le bureau et avaient réussi à trouver tout ce dont elles avaient besoin en un temps record. C’était spectaculairement convaincant et réussi. Si Arnaud en avait eu l’énergie, il se serait levé et aurait applaudi, mais tel qu’il se sentait, écrasé de fatigue, il ne pouvait qu’apprécier le spectacle en silence.

            Une dame en long manteau noir, porté sur une longue robe blanche, apparut dans la clairière, nimbée de lumière. Son visage était voilé et elle portait une torche crépitante. Elle s’approcha d’Arnaud et il put distinguer, sous le voile, qu’elle était jeune et belle. Il pensa à la très séduisante Inga. Était-il possible que ce soit elle ?

La femme leva alors les bras vers le ciel et rejeta la tête en arrière comme si elle poussait un cri. Arnaud n’entendit rien mais les deux chevaliers durent entendre quelque chose car ils se tournèrent vers elle d’un seul mouvement. On aurait dit des jumeaux tant ils se ressemblaient, même taille, même silhouette, même costume, même réaction.

        Ce que la femme fit ensuite emplit Arnaud de terreur. Son regard s’abaissa froidement vers lui mais il eut l’impression dérangeante qu’elle ne le voyait pas. Puis elle baissa lentement sa torche enflammée en sa direction. Il ne pouvait ni crier ni s’enfuir, son corps, comme un poids mort, refusait de bouger. Il allait être brûlé vif. Le cœur affolé et une panique hideuse lui serrant la gorge, il ferma les yeux en attendant une mort horrible.

 

***

 

            Lorsqu’il ne ressentit aucune sensation de brûlure ou même de chaleur, il osa rouvrir les yeux. Il était entouré de flammes, mais il ne souffrait pas ; le brasier dans lequel il était allongé ne le brûlait pas, et il pouvait voir la clairière au travers comme en transparence ! Si c’était un rêve, il était différent de tous ceux qu’il avait eus jusqu’ici.

            Il sentit un soulagement profond l’envahir, calmant les battements de son cœur. Il essaya de bouger mais était toujours paralysé. Tout à coup, comme si elle sortait de son ventre, une boule de feu s’éleva. Elle tournait sur elle-même et ressemblait à de la foudre. Elle s’éleva à environ deux mètres au-dessus du brasier et, tout en continuant à tourner lentement sur elle-même, sa forme se précisa, s’affina jusqu’à ce qu’une étoile radieuse remplace la masse incandescente. Arnaud n’avait jamais connu jusqu’ici l’étrange extase créée par le mélange puissant d’émerveillement et de terreur.

      Quand l’étoile cessa de tourner, cela fut comme un signal pour les deux chevaliers dont les chevaux se mirent à galoper l’un vers l’autre à travers la clairière. Une joute entre les deux hommes allait suivre. Leurs épées luisaient dans les éclats du feu. Elles semblaient en or et avaient une forme bizarre. Arnaud se rendit compte qu’elles n’étaient pas des épées mais des serpes. L’un des deux hommes était-il Tal ? Ils étaient trop grands et minces pour ça.

          Le combat, qui avait commencé comme un rituel, prenait une autre dimension au fur et à mesure que le temps passait. Les deux hommes semblaient se haïr car tous les coups semblaient permis. Le sang giclait de leurs plaies ouvertes et à chaque fois que l’un semblait avoir été frappé à mort, il se relevait. Arnaud était horrifié par la scène mais ne pouvait fermer les yeux. Il était fasciné. La femme voilée ne réagissait pas. Elle ne semblait ni surprise ni choquée.

                Couverts de boue et de sang, les deux chevaliers se massacraient. Ils étaient de force et de talent égaux. Ils allaient s’entretuer. Pourquoi tant de haine et de rage ? Quel était l’enjeu de ce combat à mort ?

            Ils s’effondrèrent tous les deux, rampèrent l’un vers l’autre jusqu’à ce que leurs bois s’entremêlent, puis le chevalier du houx fit un geste vers la femme voilée. L’étoile se remit à tourner, cette fois-ci de plus en plus vite. Le chevalier parut empli d’une force renouvelée. Il se mit à agiter la tête avec furie. C’était comme si l’étoile nourrissait son énergie. La tête du chevalier du houx, dont les bois étaient accrochés aux bois de l’autre, semblait bouger de façon encore plus frénétique jusqu’au moment où, comble de l’horreur, elle se détacha de son corps et roula jusqu’aux pieds de la dame.

            L’étoile s’arrêta immédiatement et perdit toute sa clarté, devenant d’un noir opaque, ourlé d’une lumière sépulcrale. Le chevalier se leva à grand peine puis marcha lourdement vers la dame. Arrivé devant elle, il se pencha pour saisir la tête sanglante de son adversaire et la lui tendit en un geste d’offrande. Un jet de sang éclaboussa la dalle de pierre juste devant le visage d’Arnaud ; une nausée gigantesque l’envahit et il perdit connaissance."


Le teaser de La Voix de l'Égrégore sur Youtube : "La Voix de l'Égrégore" teaser décembre 2019 HQ (youtube.com)


Saturday, November 25, 2023

Aujourd'hui, les "Contes d'Hiver" paraissent aux Éditions Philomène Alchimie.

 



Cliquez sur l'image pour voir la bande-annonce longue du livre sur Youtube




Chers amis français ou francophones,

Aujourd'hui, "Contes d'Hiver", mon recueil de contes et nouvelles initiatiques, paraît aux Éditions Philomène Alchimie et est désormais disponible sur le site de l'éditeur à cette adresse.

L'hiver règne dans mon recueil de nouvelles, non pas juste en tant que saison, mais aussi en tant qu'état d’âme. L’hiver paraît sombre, dur et mortifère, mais il est en fait une période d’hibernation nécessaire à la renaissance du printemps. Il en est de même pour nous lorsque nous décidons de suivre un chemin initiatique, qui nous entraîne dans les profondeurs de l’introspection vers la lumière et la connaissance de soi.

En ces temps si noirs, temps de guerre, de division, d'intolérance et d'angoisse, où nous pouvons tous perdre espoir, les histoires des personnages de ce livre nous rappellent que la vérité, l'harmonie, l'espérance et la lumière se trouvent tout au fond de nous. Elles existent par-delà nos peurs, nos traumatismes, nos préjugés et nos ressentiments.

Retrouver en nous l'enfant que nous avons été en toute innocence n'est pas un retour en arrière ou une démarche infantilisante ou lâche, au contraire.  L'enfant en nous possède une profonde sagesse, lié à sa simplicité et à son pouvoir d'imagination. L'enfant que nous devons devenir est un être qui a su retrouver en lui la clarté de l'enfance, grâce aux leçons que sa vie lui a enseignées et au travail qu'il a su faire sur lui-même. La vie vue sous cet angle est une initiation, et toute initiation commence par un hiver, une période sombre, une descente en soi...

Carl Jung écrit que "dans la mesure où les collectivités sont de simples accumulations d'individus, leurs problèmes sont des accumulations de problèmes individuels. Le changement ne commence pas par la propagande et les réunions de masse, ni par la violence : il commence par un changement dans les individus". C'est pourquoi la démarche qui pourra réellement changer notre monde est une démarche de transformation et d'éveil personnels. C'est en ça que mes nouvelles sont initiatiques, et c'est en ça que notre vie a un sens, car elle est pour chacun de nous, si nous le voulons, une initiation.

Je vous souhaite à tous, chers amis, une bonne saison hivernale, une bonne lecture et peut-être aussi un riche voyage d’introspection !

NB: je lirai avec joie vos retours, si vous souhaitez me contacter soit ci-dessous dans les commentaires, ou à l'adresse email liée à ce blog ou sur la page Facebook des Maîtres de l'Orage.



Cliquez sur l'image pour voir et acheter le livre chez son éditeur 




Thursday, November 16, 2023

Annonce en avance du samedi 25 novembre 2023

 


Chers amis,

Le week-end dernier a été dédié par mon éditeur, Éditions Philomène Alchimie, à "AYUB", mon roman initiatique publié en 2022.

Le week-end du 25 novembre sera dédié à un tout nouveau livre, une petite lumière qui brûle au cœur de l'hiver et qui vous accompagnera, si vous le souhaitez, pendant ces mois sombres.

Les liens suivants se mettront en marche sur Youtube à partir du vendredi 24 novembre et le lancement du livre sera fait par mon éditeur le samedi 25:

Vous pouvez aussi lire dès maintenant, en amuse-bouche, la première histoire de ce livre, un conte de Noël, gratuitement ici: https://www.vdavidmartin.com/p/un-conte-de-noel.html

A la semaine prochaine ! :)



Saturday, November 11, 2023

Un regard sur "AYUB" en ce 11 novembre 2023 et une annonce voilée pour le 25 novembre...

 




Message et images de mon éditeur sur Facebook pour sa chronique
"Un jour, un livre et un auteur..."


Chers amis,

En ce 11 novembre où nous commémorons nos morts et nos héros, ainsi que la fin de la première Guerre Mondiale, la guerre fait encore rage dans notre monde, ainsi que la haine et la violence.

Pour nous, citoyens lambda, qui nous sentons souvent si découragés et impuissants, il est essentiel que, dans nos vies quotidiennes, nous tâchions à notre niveau de disséminer autour de nous la paix, l'humanité et la lumière.

"AYUB", mon roman initiatique, décrit le parcours spirituel et humain d'un jeune homme lambda, qui se sent vide et égaré, mais qui se reconstruit entièrement de l'intérieur et transforme sa vie ainsi que celle de son entourage.

Ce livre n'est pas autobiographique, et pourtant il raconte fidèlement mon initiation. En effet, je peux dire sans exagération que c'est lui, à la fois outil de mon travail intérieur et résultat de ce travail, qui m'a donné naissance une seconde fois. Il est un équivalent littéraire du travail solitaire et ardu mené par un alchimiste dans l'ombre de son laboratoire, pour tenter de faire sortir la lumière de la matière apparemment inerte et de se transformer lui-même.

"AYUB" a été publié en 2022 par les Éditions Philomène Alchimie, un éditeur exceptionnel, qui travaille avec une énergie infatigable à disséminer l'espoir et la lumière dans notre monde trop souvent superficiel, cynique et matérialiste.

Le samedi 25 novembre 2023, mon éditeur et moi aurons une annonce à vous faire, chers amis francophones, une petite surprise lumineuse, je l'espère, pour les longues nuits d'hiver. 

Bon week-end et à la semaine prochaine !





NB: la créature sur la couverture de "AYUB" s'appelle Mercurius et est une des clés du roman. C'est un monstre puissant et changeant, ni bon ni méchant, qui est bien plus proche de nous que nous l'imaginons...

Merci encore à la si talentueuse, sensible et généreuse artiste, Christine Groult, pour sa suberpe reproduction de ce très vieux dessin. La couverture de "AYUB" est exactement celle dont je rêvais, avec le titre en rouge, couleur du cinabre.

 


AYUB est disponible sur le site de mon éditeur.







Friday, December 23, 2022

Happy New Year! Bonne année 2023!

"Adieu année passée avec tous tes soucis, ton pessimisme et tes tracas..."


Chers amis,

Voici un nouvel extrait de mon roman AYUB, dédié à cette fin 2022 et à l’année 2023 qui va démarrer dans quelques jours.

« Au petit matin, éreinté par la marche et les tourments, j’osai enfin m’asseoir. Après quelques minutes d’abattement et de stupeur, je levai la tête et vis, comme inspiré par un élan de conscience absolue, la perfection qui partout m’entourait, l’herbe humide de rosée, la fraîcheur verte des arbres, la pâleur dorée du ciel ; et je me souvins de l’extraordinaire cadeau qui m’avait été fait un soir d’orage dans un parc tout à fait semblable à celui-ci. Je me rappelai l’indicible beauté de la vision et, en un éclair de compréhension, je saisis l’essence de la puissance née de l’orage, du mélange de l’eau et du feu, du mélange de deux contraires : la raison et l’instinct, l’ordre et le désordre, le bien et le mal... De même, je sentis que si l’aube était parfaite c’était parce qu’elle retenait encore quelque chose des mystères de la nuit, tout en s’éclairant doucement des promesses du jour. L’harmonie absolue de l’univers soudain me frappait et, toute fatigue envolée, je sentis frémir en moi un bonheur intense. Je compris que j’appartenais au monde : lui en moi, et moi par lui, avec lui et en lui. Tout était lié, Hawken, l’étoile que je voyais encore luire dans le ciel clair, l’oiseau qui flottait sur l’air, l’arbre qui murmurait dans la brise, la fleur qui s’éveillait, le ver qui se lovait dans l’herbe, le roc qui somnolait, et moi, et tous les êtres. ‘Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour accomplir les miracles de l’unique.’ Pourquoi oublions-nous tellement souvent le pouvoir de ce si simple secret ? » **

Pourquoi oublions-nous si facilement que nous faisons partie de l'univers et que ce dernier est profondément ancré en nous ? Ceci est d'autant plus désespérant que là se trouvent le sens et la lumière : la clé de notre rédemption face à l'absurdité et au nihilisme.

Dans notre oubli se situent la raison profonde de nos sentiments de solitude et de désespérance et la racine de nos désirs à jamais inassouvis. Dans notre oubli se situe l'essence même de notre tragédie humaine.

Cette année a encore été sombre et cruelle pour beaucoup d’entre nous. La guerre en Europe pour la liberté et la démocratie, contre un dictateur sanguinaire, nous rappelle combien notre passé européen de guerres incessantes et de crimes contre l’humanité plane encore, telle une malédiction, au-dessus de nous.

Au Royaume-Uni, où je vis, les divisions créées par le Brexit s’estompent un peu dans le partage hélas étendu de la misère aussi psychologique que matérielle, imposée par un gouvernement de droite dure, incompétent, inhumain et corrompu. En Europe, la montée des extrêmes est une menace de plus en plus pressante contre nos libertés, nos droits de l'Homme et nos démocraties. Pour couronner le tout, derrière ces dangers politiques, il y a l’urgence climatique qui nous poursuit et que trop peu de nos dirigeants acceptent de prendre suffisamment au sérieux.  

Nous avons des raisons d’être angoissés. Nous avons aussi des raisons de nous sentir seuls, si nous vivons avec les yeux grands ouverts alors que, autour de nous, beaucoup semblent refuser de voir ce qui se passe et ressemblent de plus en plus aux passagers inconscients qui dansaient et festoyaient à bord du Titanic juste avant le naufrage.

Mais mon message de fin d’année n’est pas un message de désespoir, au contraire. 

Comme le décrit le passage de AYUB plus haut, l’essentiel est à la portée de tous, à condition d’oser ouvrir nos esprits, nos perceptions et notre cœur. Les moments d’harmonie que nous avons, sans doute, tous ressentis à certains instants bénis de nos vies, nous rappellent que nous sommes bien plus que des consommateurs ou les drones téléguidés de nos sociétés humaines : nous sommes avant tout des êtres humains, appartenant au monde du vivant, au miracle de la nature, mais aussi aux profondeurs de l’inconscient, là où l’on trouve le sacré et la spiritualité sous toutes leurs formes. Nous sommes les êtres de l’entre deux. Les enfants le savent parfaitement, qui vivent avec un pied dans le réel et un autre dans l’imaginaire, mais les adultes l’oublient hélas trop souvent et perdent tragiquement ce contact essentiel avec leur inconscient, leur essence, leur âme.

Forcer nos sociétés à changer de l'extérieur soit par des réformes (un moyen louable et positif si ces réformes sont éclairées), soit, au pire, par la guerre et la violence, ne sauvera jamais notre monde désormais en réel danger. Nous ne pourrons changer vraiment nos sociétés que de l'intérieur, c'est à dire lorsque nous accepterons de nous transformer nous-mêmes. Pour ce faire, il va nous falloir accepter de renoncer à ce qui nous paralyse dans nos préjugés, nos routines de pensée, nos égotismes. Il va nous falloir accepter de lâcher prise, de renoncer aux fausses certitudes de notre égo et d’accepter de nous ouvrir au monde : d’accepter de retrouver en nous l’enfant que nous avons été mais avec le bénéfice de la maturité et de l’expérience.

L’avènement de la nouvelle année était souvent représenté traditionnellement par la nouvelle année (sous la forme d’un bel enfant joufflu portant la faux de la mort) tuant métaphoriquement l’année qui se terminait (représentée par un vieillard barbu). De même, toute initiation doit passer par une mort symbolique afin que le travail sur soi-même puisse aboutir à une renaissance et à une transformation. Même si très peu de grands initiés ont existé, nous pouvons tous nous initier afin de devenir le meilleur de nous-mêmes. Je crois profondément que cette exploration personelle et ce travail sur soi (qui forment tout parcours initiatique) sont des clés essentielles pour nous sauver du désespoir mais aussi pour sauver notre monde en danger. Mon livre AYUB décrit ce parcours difficile mais exaltant, qui donne un sens à notre vie et semble désormais plus urgent que jamais.




En alchimie, la mort du vieux roi et l'avènement du nouveau roi.

Alors, pour cette nouvelle année, chers amis, je nous souhaite à tous les qualités nécessaires pour oser nous lancer dans cette aventure de découverte et de transformation personnelles, d’abord pour nous-mêmes, mais aussi pour nos sociétés et encore plus pour notre belle et miraculeuse planète.

Bonne année à vous tous, mes amis, bonne chance et bon courage !

 


 

** AYUB est un roman initiatique dédié à tous ceux qui cherchent. Il n’impose aucune réponse, car il existe autant de chemins pour parvenir à l’éveil qu’il existe d’individus, mais il incite chacun à découvrir que la vie est une quête dont le départ est au fond de soi. Il est en vente chez l'éditeur sur https://www.editionsphilomenealchimie.com/commander-nos-livres/ayub---un-roman-initiatique-de-veronique-david-martin/ ou sur Amazon ou en commande chez votre libraire.


Saturday, August 6, 2022

 



"... La lueur des lampadaires, dont l’orangé teintait la nuit d’une nuance sépia, s’accordait assez bien avec la mélancolie, à la fois triste et douce, qui m’avait absorbé. J’errai longtemps, sans éprouver de fatigue, de petites rues sombres en petites rues sombres ; coupe-gorge étroits et déserts où s’exprimait encore, en effluves nauséabonds, le passé marin de la cité, et où, privilège de mendiant, je pouvais marcher sans crainte. Mes pas me menèrent vers le fleuve, juste au bord de ses eaux qui clapotaient doucement contre les quais. 

Une brume épaisse s’était levée et avait graduellement effacé tous mes points de repères : je m’aperçus que je n’avais aucune idée du lieu où je me trouvais. Je pris cependant rapidement conscience que cet endroit avait quelque chose d’intrinsèquement différent ; différence subtile à laquelle je ne pus trouver ni définition ni explication. Égaré et impuissant, je me contentai de ne penser à rien et de m’imprégner de l’ambiance qui régnait autour de moi. La métropole était immense. Je ne la reconnaissais pas mais la sentais palpiter autour de moi, à la fois familière et énigmatique ; comme la rivière, ondulante et suprême, grosse d’ombres, de souffles et de mystères. Étranger dans un lieu étrange, je respirai profondément et laissai s’égarer mon regard désorienté. Le brouillard qui, monté de la mer, porté par vents et courants, avait touché la ville de sa fraîcheur iodée, me la révélait, dans la magie de son flou irradié de lumières, comme une vision fantastique et miraculeuse. J’avais la sensation d’être dans un entre-deux à la fois réel et fabuleux. Je pensai à la Cité des hommes et à la Cité de Dieu. J’étais perdu et cela me parut délicieux."

Extrait de AYUB, mon roman initiatique et alchimique, en vente chez l'éditeur sur https://www.editionsphilomenealchimie.com/commander-nos-livres/ayub---un-roman-initiatique-de-veronique-david-martin/, ou sur Amazon, ou encore en commande chez votre libraire.

Bonnes vacances à tous et, je l'espère, bonne lecture ! :)