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Saturday, November 25, 2023

Aujourd'hui, les "Contes d'Hiver" paraissent aux Éditions Philomène Alchimie.

 



Cliquez sur l'image pour voir la bande-annonce longue du livre sur Youtube




Chers amis français ou francophones,

Aujourd'hui, "Contes d'Hiver", mon recueil de contes et nouvelles initiatiques, paraît aux Éditions Philomène Alchimie et est désormais disponible sur le site de l'éditeur à cette adresse.

L'hiver règne dans mon recueil de nouvelles, non pas juste en tant que saison, mais aussi en tant qu'état d’âme. L’hiver paraît sombre, dur et mortifère, mais il est en fait une période d’hibernation nécessaire à la renaissance du printemps. Il en est de même pour nous lorsque nous décidons de suivre un chemin initiatique, qui nous entraîne dans les profondeurs de l’introspection vers la lumière et la connaissance de soi.

En ces temps si noirs, temps de guerre, de division, d'intolérance et d'angoisse, où nous pouvons tous perdre espoir, les histoires des personnages de ce livre nous rappellent que la vérité, l'harmonie, l'espérance et la lumière se trouvent tout au fond de nous. Elles existent par-delà nos peurs, nos traumatismes, nos préjugés et nos ressentiments.

Retrouver en nous l'enfant que nous avons été en toute innocence n'est pas un retour en arrière ou une démarche infantilisante ou lâche, au contraire.  L'enfant en nous possède une profonde sagesse, lié à sa simplicité et à son pouvoir d'imagination. L'enfant que nous devons devenir est un être qui a su retrouver en lui la clarté de l'enfance, grâce aux leçons que sa vie lui a enseignées et au travail qu'il a su faire sur lui-même. La vie vue sous cet angle est une initiation, et toute initiation commence par un hiver, une période sombre, une descente en soi...

Carl Jung écrit que "dans la mesure où les collectivités sont de simples accumulations d'individus, leurs problèmes sont des accumulations de problèmes individuels. Le changement ne commence pas par la propagande et les réunions de masse, ni par la violence : il commence par un changement dans les individus". C'est pourquoi la démarche qui pourra réellement changer notre monde est une démarche de transformation et d'éveil personnels. C'est en ça que mes nouvelles sont initiatiques, et c'est en ça que notre vie a un sens, car elle est pour chacun de nous, si nous le voulons, une initiation.

Je vous souhaite à tous, chers amis, une bonne saison hivernale, une bonne lecture et peut-être aussi un riche voyage d’introspection !

NB: je lirai avec joie vos retours, si vous souhaitez me contacter soit ci-dessous dans les commentaires, ou à l'adresse email liée à ce blog ou sur la page Facebook des Maîtres de l'Orage.



Cliquez sur l'image pour voir et acheter le livre chez son éditeur 




Thursday, December 31, 2015

Bonne Année mes amis!




Chers amis,

Je vous souhaite à tous une bonne et heureuse année 2016. Après une bien sombre et même tragique 2015, je souhaite de tout cœur que cette nouvelle année voie un retour vers la paix, ainsi qu'un élan universel vers plus de compassion et de tolérance.

Comme j'espère avoir bientôt de bonnes nouvelles à vous annoncer à propos de la publication en 2016 du troisième tome de ma trilogie, La voix de l'Égrégore, je joins ci-dessous à mes vœux les quatre premiers chapitres du second tome, Le vertige du RhombusIls se déroulent en Bretagne, parallèlement en 1942 et 
en 2012. 
(L'intrigue du troisième tome, elle, démarrera sur les chapeaux de roues à Paris, parallèlement en 1943 et 
en 2013). 

Je tiens enfin à remercier ici mes lectrices et lecteurs de leur patience et de leur soutien qui m'ont été 
tellement précieux cette année. 

À bientôt donc, chers amis, et encore une fois 
BONNE ANNÉE!






LE VERTIGE DU RHOMBUS

TOME 2 des MAÎTRES DE L'ORAGE


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Côtes du Nord,[1] mars 1942


Un cahot plus violent que les autres précipita Anne de Tréharec contre le siège avant de la voiture et la réveilla en sursaut. Elle se frotta les yeux et passa ses doigts engourdis dans son épaisse chevelure brune. Combien de temps avait-elle dormi ?
Un coup d’œil par la fenêtre lui indiqua que le paysage n’avait pas changé depuis des kilomètres : des chemins étroits encastrés entre de hauts talus broussailleux qui bouchaient la vue et lui donnaient envie de vomir. Alors qu’elle tournait la tête, une toupie sombre tournoya devant ses yeux. Anne réprima à grand mal une nausée. Elle ne voyageait pas bien en voiture.
Coincée sur le siège arrière au milieu d’un amas de valises et de sacs, Anne frissonna. Il faisait froid dans la vieille Citroën qui cahotait péniblement sur la route pleine d’ornières.
     — C’est un vrai parcours du combattant cette route ! grommela le Frère Jean.
Une main sur le volant, il s’empara de ses petites lunettes à monture métallique et essaya de les astiquer contre son chandail avant de les replacer sur son nez.
— C’est ma myopie, mes lunettes, la buée dedans ou le brouillard dehors ?
— Sans doute un peu des quatre, répondit son passager, un adolescent blond dont le regard tentait lui aussi de percer le flou combiné de la condensation intérieure et de la brume extérieure.
Le Frère Jean passa une main impatiente sur la vitre devant lui.
— C’est une vraie purée de pois ! U-ne-pu-rée-de-pois, répéta-t-il plusieurs fois en appuyant sur chaque syllabe.
L’adolescent se retourna et fit un clin d’œil taquin à sa sœur. Anne se força à lui répondre par un sourire.
— Quelle heure est-il James ? demanda le Frère. Malgré ses efforts pour sembler détendu, la tension dans sa voix était presque palpable.
James se rassit face à la route et jeta un coup d’œil à sa montre.
— Presque quatre heures.
— Aïe, dit le Frère. La nuit tombe déjà.
— Vous croyez qu’ils ne vont pas nous attendre, demanda Anne en tentant, elle aussi, de masquer l’anxiété dans sa voix.
— À cette allure… commença le Frère. En plus ils ne connaissent pas la date exacte…
— Ils nous attendront, dit James.
Il se retourna à nouveau vers sa sœur et son regard bleu fixé dans le sien, il répéta tout bas : « Ils nous attendront ».
Son visage était calme et assuré.
Anne détourna les yeux. Bien qu’elle sache que son frère voulait la rassurer, le vieil énervement remontait en elle. Il ne pouvait rien lui promettre de la sorte et ferait mieux de se taire.
Elle soupira, se laissa glisser un peu sur la banquette et posa sa tête contre le dossier. Elle allait se laisser aller de nouveau au sommeil quand une ombre gigantesque comme un homme aux ailes déployées apparut juste devant la voiture. Le Frère Jean freina en tournant le volant de toutes ses forces. Le véhicule fit une embardée vers la gauche puis s’arrêta net contre le rebord du chemin creux. Le rebond secoua violemment les trois passagers.
— Qu’est-ce que c’était, dit le Frère en haletant.
       — On a écrasé quelqu’un, balbutia Anne les yeux dilatés d’horreur. 

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Île Verte, juillet 2012


Arnaud de Tréharec ne bougeait pas.
L’adolescent ne semblait remarquer ni la chaleur lourde qui avait banni toute fraîcheur du vieux grenier, ni la mouche ivre qui se heurtait en vrombissant contre la vitre brûlante. Sous la fenêtre entrouverte, qui ne rendait pas un souffle d’air mais dans la clarté de laquelle Arnaud était assis, il ne paraissait pas conscient de ce qui l’entourait.
Sa tignasse brune, retenue par une vieille épingle à cheveux de sa mère au-dessus de ses sourcils froncés, son haut front et l’espace entre son nez droit et ses lèvres remplies avaient beau être mouillés de sueur, cela le laissait indifférent. Rien, semblait-il, n’aurait pu le distraire de sa lecture passionnée.
Graduellement, la lumière intense du soleil de juillet s’atténua, tamisée par le passage d’un rideau de nuages sombres. Un grondement doux ronronna mollement dans le lointain. Ni la brise fraîche qui se glissa enfin par la lucarne du grenier, ni la porte qui claqua dans les profondeurs silencieuses de la vieille maison ne sortirent le garçon de sa transe. Seule sa main droite bougeait de temps en temps pour tourner délicatement une page jaunie du vieux cahier qui l’absorbait.
Lorsque soudain un hurlement retentit près de lui, il sursauta.
— Ce con de Bertrand ! marmonna-t-il en tendant la main vers son portable qu’il mit en haut-parleur.
— Enfin je peux t’avoir dans ton trou paumé ! dit une voix moqueuse au bout du fil. Ça fait des jours que j’essaie.
— J’avais oublié que t’avais changé ma sonnerie ! dit Arnaud. J’étais au bord de la crise cardiaque !
Un rire sardonique explosa dans le haut-parleur.
— Faut bien te réveiller de temps en temps ! Tu t’embêtes pas trop chez les culs-terreux ?
Ne serait-ce que deux jours plus tôt, Arnaud se serait lancé dans une invective contre l’Île Verte où il était forcé de passer ses vacances, loin de ses amis et loisirs favoris : à son âge, pas loin de seize ans, un véritable scandale. Mais tout avait changé si brusquement et si récemment que Bertrand semblait maintenant faire partie d’un autre monde et qu’Arnaud ne savait que lui dire.
— Ça pourrait être pire, dit-il avec un soupir.
— Waouh ! dit Bertrand. Changement massif !
— Non, commença Arnaud, c’est juste que je suis bien obligé de m’y faire… J’ai encore deux mois à tirer.
— La Gitane t’a pas encore fait tourner chèvre ?
La mention de sa mère sous son pseudo de « la Gitane » finit de le sortir de sa transe et le précipita dans la navrante réalité de sa vie. Il était convaincu que sa mère était la source de tous ses problèmes, le poison qui lui gâchait l’existence. Ce n’était pas qu’elle soit tout le temps sur son dos à lui dire que faire, mais c’était d’une façon beaucoup plus subtile qu’elle réussissait à envahir tous les aspects de sa vie sous des faux airs de complice.
— M’en parle pas ! s’exclama Arnaud. Elle me gonfle sérieusement, mais heureusement qu’elle a ses copines et leurs gosses pour l’occuper. Par contre moi, entre leurs chants tribaux du fin fond de la Papouasie et leurs mioches qu’arrêtent pas de hurler...
Bertrand éclata de rire.
— Avoue que ça te manque maintenant, mon Death Metal [2] !
Arnaud émit un gloussement sceptique.
— Et la tienne de mère, toujours aussi « pas chiante » ?
— Faut pas se plaindre, dit Bertrand d’un ton satisfait, elle est tout à fait gérable. Je l’ai bien matée. C’est mon père qui craint. Il s’est mis dans le crâne que je devais bosser cet été.
— Pour gagner de l’argent ? Veinard !
— Non, pour rattraper mon retard scolaire !
— Aïe, dit Arnaud.
— Évidemment toi, avec les notes que tu te tapes, t’as pas ce problème !
— Non, mais je suis pourtant coincé au bout du monde, sans personne, et j’ai même pas encore reçu mon VTT.
— Ben, t’es coupé de la civilisation sur ton île. Mais au moins tu peux nager ou surfer. T’es trop con si t’as pas capté ça !
      — J’ai capté ! Et j’en ai bien profité depuis mon arrivée, mais au bout d’un moment…
— Ouais, je sais, j’te manque !
Le rire sardonique de Bertrand retentit à nouveau dans l’écouteur.
— C’est ça ! dit Arnaud.
      — Bon, faut que je te laisse, autrement mon paternel va en faire une jaunisse quand il va voir ma note de portable.
— La Bretagne c’est pas l’Australie ! protesta Arnaud. Allez, gamin, va faire tes devoirs !
— Et toi, va bouffer ton porridge bio en écoutant tes chants de zoulous ! À plus !
Arnaud rit. La voix de Bertrand se tut et l’écran du portable s’éteignit.
Un éclair illumina l’épais couvercle de nuages noirs et un craquement grave le suivit. De grosses gouttes de pluie vinrent s’écraser sur la vitre du vasistas et une odeur de terre humide rafraîchit l’atmosphère lourde du grenier.
Arnaud frissonna.
Il serra le vieux cahier contre lui avant de le remettre dans la caisse de paperasseries où il l’avait découvert. Il laissa sa main traîner un instant sur la caisse, puis, un sourire étrange aux lèvres, il s’approcha de la lucarne entrouverte, huma l’air frais et tendit son visage vers la pluie tiède, manne généreuse descendue des profondeurs grondantes du ciel.

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Côtes du Nord, mars 1942


— Ne bougez pas d’ici, je sors ! dit le Frère Jean. Sa voix altérée en disait long sur son angoisse.
Il ouvrit la portière et un peu de l’épaisse fumée du brouillard entra dans la voiture.
— Surtout ne sortez pas, répéta-t-il en s’extirpant de son siège, ce temps est trop malsain.
Il ne mentionna pas la question qui les hantait tous les trois : avaient-ils renversé quelqu’un ? Y avait-il un blessé ou un mort sur la route ?
La portière se referma derrière lui. Un peu du froid humide et stagnant de l’extérieur transperça James et Anne de Tréharec. Anne vit son frère machinalement retenir son souffle. Inspirer du brouillard rendait malade, on le leur avait rabâché toute leur enfance. Elle eut envie d’ouvrir la fenêtre pour s’en emplir les poumons, juste par esprit de contradiction.
Sans se retourner, James allongea son bras gauche vers sa sœur. Elle ne répondit pas à son geste et au bout d’un moment il retira son bras. Le frère et la sœur restèrent ainsi, chacun enfermé dans son angoisse, sans oser parler ni regarder par la lunette arrière.
Dans la confusion qui suivait l’accident, Anne se demandait si on avait ou non ressenti un choc avant de heurter le rebord de la route. Si on avait ou non renversé l’être fantastique qui avait surgi devant la voiture. Elle aurait juré que le personnage s’était comme coupé en deux sous leurs yeux. D’un côté le corps qui s’était effondré sur la route et de l’autre les ailes qui s’étaient envolées. Impossible !
Le brouillard épaississait dehors. Le temps passait si lentement qu’il semblait à Anne que le Frère Jean était parti depuis des heures. James dut sentir la tension de sa sœur, à moins qu’il ne l’ait ressentie lui-même, car il se tourna vers elle.
— Je vais aller voir si je peux aider le Frère, dit-elle.
       — Non ! s’exclama James. Ça pourrait être dangereux et il nous a fait promettre de rester ici.
— S’il a un problème, il aura besoin d’aide.
— C’est vrai, dit l’adolescent. J’y vais.
— Mais ta j… dit Anne.
Elle se mordit la lèvre. On ne mentionnait jamais la polio qui avait rendu son frère infirme. De remords, elle s’empara de la main de James. Elle devina dans la pénombre qu’il lui souriait avec reconnaissance.
— Ne t’inquiète pas, dit-il, je suis tout à fait capable de me débrouiller. En plus, c’est moi l’aîné, laisse-moi y aller.
— Bien sûr ! dit Anne, essayant d’exprimer dans sa voix toute la confiance qu’elle n’avait pas en la force de son frère. Mais je pourrais moi aussi aider. Je viens avec toi !
Alors qu’ils s’apprêtaient à sortir, une forme lourde et tordue surgit du brouillard et frappa furieusement à la vitre d’Anne. Le frère et la sœur échangèrent un regard anxieux.
Un visage familier se colla presque à la glace. C’était le Frère Jean.
— Ouvrez vite et faites de la place pour un passager, dit-il.
Sans prendre le temps de réfléchir, Anne ouvrit la portière et commença à jeter les sacs qui embarrassaient l’arrière de l’auto vers les sièges avant. James les reçut comme il le pouvait. Elle eut à peine le temps de glisser le long de la banquette qu’un grand corps s’effondrait lourdement à ses côtés.
— James, passe-moi vite une couverture, dit le Frère, le visage empourpré par l’effort.
Il enveloppa le corps sans vie avec la couverture du mieux qu’il le put.
— Anne, ajouta-t-il après avoir réfléchi un instant, mieux vaudrait le pousser vers le milieu du siège et toi tu prendras la place près de la fenêtre. Il ne faut surtout pas qu’on le voie.
Au prix d’une gymnastique compliquée, Anne réussit à suivre les instructions du frère. À peine fut-elle de nouveau installée près de la vitre que la tête de l’inconnu, dodelinant sous la poussée, tomba contre l’épaule de l’adolescente. Elle essaya de distinguer ses traits mais ne put voir qu’une masse enchevêtrée de boucles d’un noir de jais.
— James, repasse-moi les sacs qu’on le cache dessous, dit le Frère Jean.
       — Mais ça va l’écraser ! protesta Anne.
Elle se sentait responsable du propriétaire de la tête qui pesait sur son épaule.
— On va faire attention, dit le Frère, mais il ne faut surtout pas qu’on le trouve. Allez, vite ! On n’a pas une minute à perdre !
Anne sursauta quand elle sentit soudain quelque chose frôler sa jambe. Elle vit que la main de l’étranger avait glissé et la prit doucement pour la remettre sous la couverture. C’était une main solide, une main de pêcheur ou de paysan, dont Anne sentit la rugosité mais qui, bien qu’inanimée, était souple et tiède. L’adolescente poussa un soupir de soulagement : Dieu merci il était bien en vie !
Les bagages arrangés tant bien que mal pour dissimuler le passager sans l’étouffer, le Frère claqua la portière et reprit sa place sur le siège du conducteur.
— Une prière pour que la voiture démarre, dit-il en tirant le bouton de démarrage.
Après plusieurs essais, le moteur se mit enfin à crachoter. Le Frère dut s’épuiser au volant pour réussir à remettre la lourde voiture face à la route. Puis, le pied sur l’accélérateur, il lança l’auto à travers l’épais brouillard en direction de la côte.
Un grand oiseau blanc sortit du mur de brume qui engloutissait les talus au bord de la route et, sans un bruit, s’envola derrière la voiture. 

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Île Verte, juillet 2012


— Arnaud ! Arnaud ! Coucou !
— Et merde ! ronchonna Arnaud.
— Arnaud ! reprit la voix aiguë. T’es où ? On est rentrés !
Arnaud leva les yeux au ciel.
— Faudrait être sourd pour pas le savoir ! marmonna-t-il.
— Naunaud ! On est là !
« Naunaud ! » Arnaud soupira puis, l’air accablé, se leva de son lit.
On ne pouvait pas avoir une minute de tranquillité dans cette baraque ! Qu’est-ce qu’elle avait toujours à crier ? Elle ne savait pas parler comme tout le monde. Il fallait toujours qu’elle se fasse remarquer !
— Naunaud, on met la bouilloire à chauffer ! hurla la voix. Tu viens ? Mais qu’est-ce qu’il y a ma chouchoune ? Tu veux du Nutella ? Où est ta maman ? Tu ne préfèrerais pas le bon miel bio de Tatie Poppy ?
Typique d’elle ! Elle le dérangeait, le harcelait, l’obligeait à faire ce qu’elle voulait en l’embarrassant à mort et puis deux secondes après elle pensait déjà à autre chose et se répandait en niaiseries avec ses amies et leurs rejetons abjects. Si Arnaud avait été un chien il aurait montré ses crocs et grondé furieusement. Faute de ça, il serra les poings et, en enfilant ses tongs, laissa échapper entre ses dents un chapelet de jurons.
Il descendit les escaliers en bois sans enthousiasme. La maison était très ancienne et avait un charme lié à son âge et à la façon désuète dont elle était aménagée. Mais la mère d’Arnaud y avait déjà mis sa marque. Batiks pendus aux murs en guise de tentures, foulards indiens jetés sur les abat-jour en soie plissée du salon, bougies et porte-encens essaimés un peu partout. Arnaud détestait tout ce désordre qu’elle appelait décoration. Il aurait tellement préféré voir les meubles anciens, les peintures de marine et les objets précieux, ramenés par ses ancêtres de leurs voyages au long-court, dans la simplicité qui était la leur et qui était leur plus belle parure.
Il arriva à la porte de la cuisine et évita de justesse un enfant qui courait et lui aurait donné un coup de tête dans le ventre.
        — Hé ! s’exclama-t-il. Fais gaffe où tu vas !
L’enfant ne fit pas attention à lui et continua sa course folle, tel un taureau, le front en avant.
      — Naunaud darling te voilà ! dit sa mère en levant un instant la tête du monceau de tartines qu’elle était en train de beurrer. Sers-toi chouchou !
Arnaud ne supportait plus la façon qu’elle avait d’affubler ses proches (et lui, son fils unique, en particulier) de sobriquets ridicules. Et ce tic qu’elle avait de mettre de l’anglais partout. Tout en elle était faux même son nom. Elle s’appelait banalement Patricia mais se faisait appeler Poppy.
Arnaud grommela un remerciement et attrapa deux tartines avant de sortir dans le jardin.
Sur le pas de la porte, il s’arrêta pour inspirer l’air frais saturé d’humidité. Ça sentait le vert et la pureté. Il avança sur la pelouse et ses orteils se rétractèrent au contact de l’herbe trempée. En colère avec lui-même pour cette réaction d’enfant des villes, il les força non seulement à se détendre mais aussi à apprécier la fraîcheur humide.
Les enfants des amies de sa mère hurlaient en se poursuivant dans le jardin (le plus vieux ne pouvait pas avoir plus de dix ans). Arnaud décida de partir se perdre dans le parc du domaine pour être tranquille et continuer à réfléchir à ce qu’il venait de découvrir dans le cahier jauni du grenier.
Il dut marcher un bon moment avant de trouver un coin suffisamment isolé pour ne plus entendre les éclats de voix venus de la maison.
Les arbres ancestraux l’entouraient de leur épaisse coupole sombre : peut-être avaient-ils connu l’auteure mystérieuse du journal qu’il avait trouvé. Quel âge aurait-elle aujourd’hui ? Treize ans en 1940… Elle serait hyper vieille ! L’âge de Mamicé, la mère de son père. Arnaud se demanda si sa grand-mère avait connu la fille du cahier. Il aurait bien du mal à le lui demander car elle était à l’hôpital à Paris, « entre la vie et la mort ».
Quand un jour son père était rentré l’air assombri et lui avait annoncé que sa grand-mère avait eu une attaque, cela ne lui avait fait ni chaud ni froid. Il la connaissait à peine. Poppy, sa mère, et elle ne s’aimaient pas. Poppy trouvait sa belle-mère trop froide et raide, et Mamicé avait donc été rayée des listes.
 Quand il était petit il allait parfois la voir avec son père, mais ça faisait des années que son père y allait tout seul. Il se souvenait d’elle comme d’une dame distinguée et peut-être un peu raide. Mais elle avait un sourire très jeune et il l’avait toujours trouvée plutôt jolie. Son grand-père était mort avant sa naissance et il ne savait pas grand-chose sur lui. Il ne s’était à vrai dire jamais posé de questions à leur sujet.
Sans s’en rendre compte il avait marché jusqu’à l’étang. Des ajoncs bordaient l’eau stagnante et emplissaient l’air de leur parfum sucré. En fermant les yeux on se serait cru dans un pays exotique tant leur parfum rappelait celui de la noix de coco.
Arnaud trouva un endroit où les bords de l’étang étaient dégagés. Il s’assit sur une souche de chêne et commença à mâcher son pain en rêvassant.
Une brume perlée montait de la surface de l’eau et il crut voir une silhouette se former dans le flou. C’était la forme gracile d’une fillette de treize ans, à genoux dans une barque. Elle était habillée d’une robe chasuble démodée et ses cheveux entouraient son visage de deux tresses dorées.
Il écarquilla les yeux et la vision s’évanouit. Un grondement sourd résonna dans le lointain. Il allait repleuvoir.
Arnaud secoua la tête pour chasser l’hallucination, se leva et décida de rentrer. Ses tongs lui collaient aux pieds et il se déchaussa pour marcher pieds-nus dans l’herbe mouillée. Il ne put faire que quelques mètres avant qu’une douleur aiguë ne lui arrache un cri d’angoisse. Sur quoi avait-il marché ?
La douleur lui plomba la tête et il tomba de tout son long.







[1] À l’époque les Côtes d’Armor se nommaient les Côtes du Nord.
[2] Le « death metal » (DM) est un sous genre de la musique « metal », caractérisé par des paroles et musiques sombres et/ou violentes, souvent chantées d’une voix gutturale et grave et parfois accompagnées de hurlements.

Tuesday, December 22, 2015

JOYEUX NOËL !




Chers amis,

Malgré la guerre, la violence et la misère qui ont caractérisé cette année, j'espère que Noël marquera dans nos vies une trêve de compassion et de bonne volonté. Car Noël c'est la fête de l'espoir et de la chaleur humaine au cœur même de la nuit glacée de l'hiver. N'oublions pas cette année tous ceux qui sont seuls, malades ou en deuil; n'oublions pas non plus tous ceux qui sont sans maison, sans abri et parfois même sans pays.

Trouvez ci-dessous un très court extrait du premier tome de ma trilogie, qui se passe le 24 décembre 1939 dans un jardin enneigé. Dans toute sa simplicité et sa pureté enfantine, il représente un instant magique entre deux êtres, malgré les sombres menaces qui les entourent : un peu de magie de Noël et les balbutiements d'un amour qui définira leur vie. 

Je vous souhaite à tous et de tout cœur 
un Noël de lumière et de paix. 





LA MARQUE DE L'ORAGE

TOME 1 des MAÎTRES DE L'ORAGE


Le matin du 24 décembre 1939, l’île se réveilla sous la neige. Le voile épais et blanc donnait au décor familier un air de magie. Tout était pareil et cependant différent.
Partout on sentait Noël : dans le silence feutré contre lequel les cris des mouettes se détachaient encore plus clairement. Dans l’air vif et coupant qui rougissait le nez et les oreilles. Dans les hurlements de joie des enfants qui sortaient de chez eux à peine habillés pour profiter de la neige avant qu’elle ne disparaisse.
Malgré le froid, Marwen n’eut pas à supplier longtemps sa mère de la laisser sortir. Le Dr Goulaouenn plaida avec conviction en sa faveur et sa femme céda.
Emmitouflée dans un manteau chaud, une longue écharpe, un bonnet et des gants, Marwen sortit enfin. Gaël l’attendait, appuyé nonchalamment au portail, les yeux brillants d’excitation.
— J’ai cru que tu n’arriverais jamais ! lui lança-t-il.
Il la détailla des pieds à la tête.
— Mon Dieu, s’exclama-t-il, ta mère t’a entassé toute ta garde-robe sur le dos ! Tu peux encore bouger avec tout ça ?
Marwen se sentit engoncée et ridicule, mais son embarras ne dura pas longtemps car Gaël attrapa son bonnet et s’enfuit avec. Elle le poursuivit en hurlant « rends-le-moi ! » dans la ruelle blanchie entre leurs maisons, jusque dans le jardin du café qui descendait vers la forêt.
Gaël avait disparu.
Le jardin était une jungle de mauvaises herbes et d’arbres mal entretenus. Mais, sous la neige, il se transformait en une féerie immaculée. Le soleil apparut entre les nuages et se refléta sur le sol blanc. Marwen fut éblouie.
Elle crut alors apercevoir au fond de cette friche, à l’endroit où s’ébauchait la forêt, une femme pâle dans une robe si blanche qu’elle en paraissait lumineuse. Les contours de l’apparition étaient si flous qu’elle semblait se dissoudre dans la lumière du jardin enneigé. Marwen sentit ses cheveux se dresser sur sa nuque.
Elle cligna des yeux, espérant avoir affaire à un mirage, mais la femme était toujours là.
À ses pieds, Marwen distingua alors une forme accroupie, à moitié dissimulée derrière un buisson. Les bras largement ouverts, la femme se penchait vers la forme comme un rapace prêt à engloutir sa proie.
Quand la forme bougea, Marwen reconnut Gaël. Inconscient, il ne pensait qu’à leur jeu de cache-cache. La femme se tenait derrière lui et il ne se rendait compte de rien. Marwen poussa un cri strident :
— Gaël !
Elle s’élança vers lui.
Un couple de corbeaux surpris par son appel s’envolèrent en coassant.
Gaël sortit de sa cachette. Il leva les bras en l’air comme s’il se rendait à un ennemi et agita le bonnet volé en guise de drapeau blanc. Il riait.
Quand Marwen arriva près de lui, la femme blanche avait disparu. Terrifiée, hors d’elle, elle se jeta dans les bras de Gaël. Surpris, il la saisit et la serra contre lui.
Le temps s’arrêta.
Quelques petits flocons de neige voletaient paresseusement dans l’air froid saturé de lumière. Le soleil attachait ses fils d’or au givre qui glaçait plantes et arbres, ainsi qu’aux cheveux clairs de Marwen et sombres de Gaël.
Elle ne reprit ses esprits que lorsqu’elle sentit contre elle la chaleur du corps de Gaël. La joue sur sa poitrine, elle entendait les battements accélérés de son cœur. Son cœur à elle aussi battait plus fort qu’après la course la plus folle.
Elle leva les yeux vers lui et leurs regards se mêlèrent. Une telle douceur se lisait dans ses prunelles brunes qu’elle se sentit presque étouffer de tendresse.
Des cris d’enfants venus de la rue brisèrent alors le cocon silencieux qui les protégeait. La magie disparut et le temps reprit son cours.
Ils se séparèrent immédiatement comme surpris en flagrant délit de désobéissance. Le charme rompu entre eux, Marwen se sentit rougir violemment. Pour sauver la situation, Gaël lui enfonça malicieusement son bonnet jusqu’au menton.
— Attrape-moi maintenant si t’en es cap, cria-t-il en riant.
Elle se libéra de la prison de son bonnet. Quand elle put voir à nouveau, le jardin était désert. Elle entendit la voix de Gaël dans la rue où il avait rejoint les autres enfants dans une bataille de boules de neige.
Elle attendit un peu que son cœur se calme et que sa rougeur se dissipe avant de quitter le jardin givré pour le suivre.




Wednesday, November 19, 2014

Quelques nouvelles de La Voix de l'Égrégore.


LA VOIX DE L'ÉGRÉGORE, le troisième tome des Maîtres de l'Orage, sera publié en mars 2015. Il est presque fini. :)




Wednesday, October 22, 2014

Une toute nouvelle et excellente critique des deux premiers tomes des Maîtres de l'orage!





Chers amis, 

Je continue mon travail sur le troisième tome, qui est presque fini. Ça va être un gros livre car il y a tellement de choses à dire et à explorer dans ce dernier roman... 

Hier, j'ai eu la surprise et la joie de découvrir cette critique toute fraîche des deux premiers tomes. C'est un réel encouragement pour moi. Merci au Salon Littéraire et, plus particulièrement, à la chroniqueuse Julie Lecanu!

À très bientôt, amis lecteurs!


"La trilogie Les Maîtres de l’orage a de multiples visages : roman historique certainement, puisque l’action se déroule en plein cœur de la Seconde Guerre mondiale, roman fantastique puisque le surnaturel, les légendes druidiques ponctuent et rythment le récit, thriller puisque les disparitions d’enfants se multiplient, roman jeunesse puisque les héros sont des adolescents, roman d’initiation enfin. Une saga dense et riche donc sans compter la maîtrise de Véronique David-Martin : d’origine bretonne, l’auteur possède un doctorat en littérature comparée et se passionne pour les contes et légendes dont la puissance universelle lui ont inspiré cette formidable trilogie."

Pour lire le reste de cette critique détaillée de La Marque de l'orage et du Vertige du Rhombus, cliquez sur l'image ci-dessous: 




PS: Le dernier tome de la trilogie, intitulé La Voix de l'Égrégore, sera publié en mars 2015. :)





Tuesday, September 23, 2014

Un extrait du Vertige du Rhombus en attendant La Voix de l'Egrégore...





Chers amis,

Peu de messages de ma part en ce moment car je travaille constamment sur La Voix de l'Égrégore, qui va être encore plus gros que le second tome. Il y a tant à dire et tant à explorer dans ce dernier livre!

En relisant les deux premiers tomes je suis tombée sur des passages qui pour moi expriment parfaitement et succinctement la magie du monde de l'Île Verte. L'extrait ci-dessous en est un. 

Qu'en pensez-vous? En avez-vous d'autres qui vous parlent plus ? 

À très bientôt!







EXTRAIT du VERTIGE DU RHOMBUS



"Arnaud avisa un rocher au bord de l’eau et s’y assit. Il poussa un long soupir qui le vida de lui-même afin de pouvoir s’emplir de ce qui l’entourait : la nuit tranquille, la lune légèrement embrumée qui semblait le contempler avec un petit sourire en coin, le long sanglot de la mer quand elle s’allongeait sur le sable…

Derrière lui, la forêt étendait ses longs doigts obscurs vers la grève. Il la devinait vivante d’une vie nocturne. Bruissant dans la brise légère comme un baiser. Il soupira encore. Son corps se sentait bien. Il eut envie de se plonger dans les bras sombres et ondulants de la mer. Il enleva ses vêtements et entra dans l’eau doucement, recueilli comme pour un baptême. Il s’y plongea tout entier. Nagea dans ses profondeurs froides et noires. Puis en ressortit ébloui par la lune.



Il s’allongea, ruisselant, sur le rocher. La surface rêche égratignant sa peau. Un bonheur presque trop intense lui emplit la poitrine. Son cœur battait si fort qu’il eut peur qu’il explose. Puis le moment de l’extase passa. Il aurait voulu le retrouver. Se tourna d’un côté puis de l’autre. Se rassit sur le roc. Mais rien n’y fit.

Un courant d’air lui glaça le dos. Il frissonna et se retourna. Il eut le sentiment que quelqu’un, caché dans les taillis, l’observait. Il sentit son regard sur lui. Gêné d’être nu, il prit ses vêtements secs et les serra contre lui puis se retourna face à la forêt. Ses yeux fouillaient l’obscurité dense des arbres et ne voyaient rien qui puisse justifier ce qu’il ressentait.

— Il y a quelqu’un ? dit-il timidement.

Il ne reçut comme réponse que le doux flux et reflux de la mer. Pourtant la sensation d’être observé ne s’estompait pas. Il se rhabilla en hâte.

— Il y a quelqu’un ?

Le courant d’air froid le traversa de nouveau et le fit trembler.


C’est alors qu’il distingua une forme blanche entre les troncs épais. De ses yeux écarquillés, il creusait l’ombre opaque. Lentement, la forme sortit du couvert de la forêt. Dans un rayon de lune, elle s’arrêta : imposant et magnifique, comme éclairé de l’intérieur, le grand cerf blanc le regardait.



Le temps s’arrêta, et Arnaud eut le sentiment de disparaître dans ce regard. Un vent puissant se leva autour d’eux. La futaie entière se mit à hurler dans les rafales. Quand le grand cerf se tourna pour repartir dans la forêt, l’adolescent vit une grande balafre noire strier son pelage immaculé, trois lignes sombres, comme une énorme griffure. La marque était trop familière pour être un hasard.


À peine l’animal eut-il disparu qu’Arnaud entendit l’appel :

« Toi, toi, mon petit roi… »

Ses cheveux se dressèrent sur sa tête."





Le grand cerf blanc de l'église de Tréhorentec à Brocéliande en Bretagne.


NB: Je ne possède pas les droits des images. 

Monday, July 28, 2014

Un week-end magique au milieu des pierres levées // A magic week-end amid standing stones



Les "Rollright Stones" dans le Oxfordshire 


Chers amis, // Dear friends,


J'espère que vous allez bien et ne souffrez pas trop de la chaleur (ou des inondations!). // I hope you are well and not suffering too much from the heat (or floods!). 

Ce week-end, pour mes recherches, je suis partie me plonger dans l'atmosphère légendaire de mégalithes anglais peu connus du public. C'est un groupe de pierres levées, appelé les "Rollright Stones", qui datent de l'époque néolithique et sont situés dans la région des Cotswolds, dans le Oxfordshire. // This weekend, for my research, I went to plunge myself into the atmosphere of some legendary English megaliths, little known to the public. It's a group of standing stones, called the "Rollright Stones", dating from the Neolithic period, which are located in the Cotswolds, in Oxfordshire. 




La légende locale veut qu’une sorcière transforma un roi et ses soldats en pierres et que ces derniers reprennent parfois vie pour aller se désaltérer dans la source d’eau voisine (du nom de Little Rollright) et danser en cercle à minuit. // Local legend has it that a witch turned a visiting king and his soldiers in stone and that they sometimes come back to life to go and drink in the nearby water source (named Little Rollright) and dance in a circle at midnight. 


Personnages de légende pétrifiés dans la pierre depuis des millénaires //
Legendary characters petrified in the stone for millennia 

L’endroit possède une magie toute particulière, qui a attiré hommes et animaux de millénaire en millénaire. Son atmosphère étrange, à la fois mystérieuse et paisible, a inspiré deux grands penseurs du dix-huitième siècle, William Stukeley, un spécialiste d'histoire ancienne qui contribua à la renaissance du mouvement druidique, et William Blake, le grand poète visionnaire, dont le sublime poème "Jérusalem" est un hymne à l'Île de Bretagne celtique et druidique. // The place has a special kind of magic, which has attracted men and animals alike from millennium to millennium. Its strange atmosphere, both mysterious and peaceful, has inspired two great thinkers of the eighteenth century, William Stukeley, an antiquarian and archaeologist who contributed to the revival of Druidic movement, and William Blake, the great visionary poet, whose sublime poem "Jerusalem" is an ode to Celtic and Druidic Britain. 




Microscosmes dans la pierre // Microcosms in the stone 


Si jamais vous visitez ce site, lorsque vous vous trouverez au centre du cercle, arrêtez-vous quelques minute et laissez-vous porter par le moment : on dit que des vagues d’énergies irradient à l’intérieur du cercle, peut-être pourrez-vous les sentir ! J'ai eu moi même la chance de les sentir, avec l'aide d'un sourcier (avec et sans baguettes), et cela a été pour moi une expérience aussi émouvante que puissante. // If you ever visit this site, find the centre of the circle and stop there a few minutes, letting yourself be relaxed and in the moment: it is said that waves of energy radiate inside the circle, may be able you feel them! I was lucky enough to, with the help of a dowser (with and without dowsing sticks), and it was for me a very moving and powerful experience. 

Quel privilège d'explorer ce site avec un sourcier et un sage, Ron Dudley Smith, qui est sourcier depuis l'âge de quinze ans! // What a privilege to explore this site with an experienced dowser (since the age of 15!) and a wise man, Ron Dudley Smith.


Les baguettes parlent! // The dowsing rods speak! 

Mystères profonds et fascinants de notre si belle mère, la Terre... // Deep and fascinating mysteries of our beautiful Mother Earth ...

Les petites lueurs de Marwen? // Marwen's little lights? 


Un papillon qui nous a accompagnés pendant toute notre visite //
A butterfly that accompanied us during our whole visit 


Toutes photos © Miles Martin // 
All photos © Miles Martin