Tuesday, August 25, 2015

Hommage à ma grand-tante Dorite, une héroïne du quotidien.


Tante Dorite dans les années 50.


Tante Dorite est morte... 


Des mots qui ne surprennent pas lorsqu'il s'agit d'une dame de 98 ans. Des mots qui offrent même plus de réconfort que de chagrin lorsqu'il s'agit de quelqu'un que son esprit avait hélas quitté il y a déjà des années ne laissant plus qu'une frêle coquille là où il y avait eu une femme qui irradiait de vie et d'intelligence.

Parce que Tante Dorite était avant tout une étincelle. Discrète dans sa jeunesse, une violette d'apparence timide, elle a réussi à transformer une vie de renoncements, de deuils et d'abnégation en une existence riche et belle grâce à son attitude face à la vie. 

Elle était artiste ayant, comme son frère Henri, un réel talent pour la peinture. Sans avoir jamais pu voyager, elle était intéressée par tout : l'histoire, le monde, les livres, la musique... Une fan du grand Teilhard de Chardin, comme son frère, mon grand-père Alfred, elle était d'une profondeur spirituelle à la fois intense et subtile. Son ouverture d'esprit, son enthousiasme et son énergie l'avaient transformée en exploratrice. 

C'est elle qui, lorsque j'étais adolescente, m'a appris à reconnaître les étoiles. Je nous revois, la nuit, sur son balcon, explorant le ciel criblé d'étoiles pendant des heures avec sa lunette d'astronome, et je ne regarderai jamais Orion (avec Rigel la bleue et Bételgeuse la rousse) sans penser à elle. 

Elle a été aussi pour moi une source constante de soutien et d'encouragement dans mon travail d'écrivain : je n'oublierai jamais lorsque, me parlant d'un recueil de nouvelles que j'avais écrit, elle m'a dit que mes grands-oncles seraient fiers de moi. Je me souviens de ma fierté et de ma joie -- son avis avait beaucoup d'importance pour moi car elle était d'une intelligence aiguë et d'une honnêteté totale. 


Tante Dorite, c'est aussi la jeune fille de dix-huit ans qui a eu le courage extraordinaire d'aller plaider au siège de l'Abwehr à Paris pour la vie de son frère tant aimé, Marcel, un héro de la Résistance fusillé au Mont-Valérien en 1943. C'est aussi la jeune fille qui n'a jamais pu se marier à cause des ravages de la guerre ; la jeune fille dont la vocation de peintre fut écrasée lorsque sa mère (mon arrière-grand-mère) la força à interrompre ses études aux Beaux-arts de Paris (les jeunes filles de bonne famille n'avaient pas le droit de vivre pour elles à cette époque). 

Elle a dû surmonter aussi de très grands chagrins lorsque ses frères tant aimés moururent les uns après les autres ; leur famille, leur fratrie (elle était la seule fille de cinq enfants) était unie par un amour immense. 

Pour moi, une de ses petites-nièces, pour Maman, une de ses nièces, et pour le reste de la famille j'en suis sûre, elle restera à jamais cette présence forte, lumineuse, drôle et si charmante qui représentait un temps hélas passé de dignité, de courage, d'humour, de modestie, de devoir et d'héroïsme. 


Bien chère Tante Dorite, repose en paix, tu le mérites. Nous ne t'oublierons jamais.




Au mariage d'un ami dans les années trente (à droite).

Avec trois de ses frères adorés en 1944 -- Alfred, Louis et Henri.

Marcel, son frère fusillé en 1943 au Mont-Valérien parce qu'il était résistant (ici en 1940).

Avec Maman, sa nièce, dans les années 50.


Saint-Malo.
Nous avons la tristesse de vous faire part du décès de Mademoiselle Marguerite COTTERET 
survenu dans sa 99e année. 
De la part de : 
Mme veuve Louis Cotteret, 
sa belle-soeur; 
ses nombreux neveux et nièces, cousins et cousines ainsi que toute la famille et ses amis. 
La cérémonie religieuse sera célébrée mardi 25 août 2015, à 14 h 30, en l'église Sainte-Croix de Saint-Malo. 
La famille remercie l'ensemble du personnel de l'EHPAD des Corbières. 



NB: Ces photos sont des photos de famille et ne doivent pas être utilisées sans permission.