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Monday, June 1, 2015

Une nouvelle critique du Vertige du Rhombus // A new review of Le Vertige du Rhombus




Un immense merci à tous les lecteurs et blogueurs qui prennent le temps de lire mes histoires et ensuite de les disséminer en en parlant autour d'eux, soit par oral, soit comme ici par écrit. 

Et merci encore à Livr'envie - Black Kat's Blog pour cette belle et sensible critique. 





Les Maîtres de l’orage – Tome 2 

Le vertige du Rhombus

Véronique David-Martin

Alors que nous avions laissé l’île Verte aux portes de la Seconde Guerre Mondiale avec le 1er tome des Maîtres de l’orage, La marque de l’orage, nous retrouvons ce morceau de terre à cheval sur deux époques: de nos jours, avec Arnaud et Sieg, deux ados, en vacances pour l’un, en proie à un lourd secret pour l’autre; et Marwen et ses amis, plongés dans l’occupation allemande.

Ce 2ème tome est marqué par ce ping-pong temporel fascinant et s’il rythme énergiquement l’histoire, il permet également d’appréhender l’état d’esprit de ces très jeunes adultes: quand Marwen, Claire et les autres doivent agir au quotidien avec le poids de la guerre, pour leur survie tout autant que leurs valeurs, Arnaud et Sieg, eux, doivent assumer l’héritage d’un passé lourd pour écrire leur présent, en toute conscience. Car l’avenir est la somme de chaque décision, qu’elle date de 1942 ou de 2012.

Il se passe de drôles de choses sur l’île Verte. Les éléments se déchaînent toujours autant. Et d’une époque à l’autre, l’origine est similaire. Si, dans le 1er tome, les légendes étaient prépondérantes, dans ce volet, c’est la science aux mains des hommes qui prévaut, sans pour autant étouffer la magie qui règne sur l’île.

Il y a plusieurs strates de lecture, selon que le lecteur s’attache à l’aventure fantastique mâtinée de faits historiques, ou selon qu’il creuse les sujets abordés et se questionne. L’une est purement récréative alors que l’autre nous entraîne dans une prise de conscience de notre monde actuel comme passé.

Parce que les forces nées du nazisme et de ses opposants ne sont pas mortes avec l’armistice. Parce que les idées de pouvoir et de destruction sont toujours d’actualité, même revêtues d’un uniforme différent. Parce que le génie scientifique est trop souvent aux mains des forces obscures que mis à profit pour le bien de l’humanité. Quand, en temps de guerre, les inventions technologiques avaient pour but la victoire, la survie et le pouvoir… en 2012, une mystérieuse société, qui cache sa présence aux yeux des îliens, est prête à tout pour récupérer le Rhombus, tombé dans l’oubli depuis le conflit mondial, pour le pouvoir bien sûr et le profit pécuniaire.

D’autres temps, d’autres mœurs… quoique… les choses ne sont guère différentes en fin de compte…

Une correspondance des années 40, retrouvée entre deux chercheurs, Tréharec et Tesla, ce génie trop peu reconnu, est particulièrement touchante et parlante. Ce sont deux inventeurs, deux génies, mais aussi des hommes. Avec une conscience. Celle que leurs inventions pourraient révolutionner et améliorer le monde mais que les êtres humains étant ce qu’ils sont, elles pourraient également servir d’armes diaboliques au service du mal. La science doit-elle avancer à tout prix? Au mépris des valeurs et de la morale? Et un génie est-il capable de taire ses fabuleuses découvertes, quitte à rester dans l’ombre pour le restant de ses jours?

Ce sont également des écrits qui vont rapprocher les deux générations d’ados, avec la découverte du journal secret de Marwen et la correspondance de Claire. Les mots vont attirer Arnaud et Sieg dans une valse savoureuse de magie et de sentiments intemporels et une fascination, à travers les âges, pour ces deux jeunes filles.

Et quand à l’époque de Marwen, il n’y avait globalement le choix qu’entre amis et ennemis, collabo ou résistants, il n’en va pas de même pour le présent. Sieg est allemand et porte, malgré lui, le fardeau des actes de ses aïeux. Les rapports pourraient être conflictuels si l’amitié n’était pas présente. Le sujet de l’héritage familial et historique apparaît particulièrement vivant et perturbant au travers des événements actuels de l’île, au travers de Sieg et de son mal être. Les ennemis d’hier sont-ils destinés à le rester pour les générations suivantes? L’antagonisme perdure-t-il malgré la paix des peuples retrouvée?

C’est aussi le sujet de l’intolérance qui est abordé subtilement lorsque la relation des deux garçons prête à certaines médisances de la part de leurs collègues désoeuvrés et mesquins.

Les lettres de Claire sont très émouvantes car elles s’adressent à une amie restée à Paris et révèlent délicatement et pudiquement le destin mortel connu des déportations de civils, hommes, femmes, enfants…

J’ai eu beaucoup de plaisir à retrouver les personnages du 1er tome, Marwen et Gaël, notamment. A suivre leur parcours et les chemins empruntés, avec Anne, James et Mattéo, pendant l’occupation par les allemands de leur île. Et l’arrivée d’Arnaud et Sieg, à quelques années dans le futur, nourrit encore plus le climat de mystères et de légendes, même si le Rhombus est lui particulièrement réel!

Le fameux Rhombus est un pont entre ces deux époques… il est particulièrement dévastateur…

Et entre l’Histoire, l’aventure, la science et les légendes, sans oublier le tumulte des émotions, je vous conseille vivement cette lecture pour découvrir le vertige du Rhombus…


Citations

« La fin du monde sera précipitée par la folie des hommes. (…) Je veux dire juste que l’homme est plus avancé dans les sciences que la sagesse et que s’il continue à n’écouter que sa cupidité, il s’autodétruira. »

« (…) mais elle s’étonnait de sa capacité toute neuve à mentir activement. La nécessité et l’instinct de survie avaient de grands pouvoirs d’inspiration. »

« Les plus grands génies ont toujours été tributaires de leurs mécènes qui sont plus intéressés par le rendement d’une invention que par son usage pour l’amélioration de la race humaine. »

« Il y a deux façons de vivre les choses, dit-elle. Soit on vit détaché du passé, soit on se sent responsable de ce qu’on fait nos ancêtres… »

« Pourquoi ne pas faire un peu des deux: être conscient de ce qu’ils ont fait, pour éviter de le refaire, tout en restant libre d’exister par nous-mêmes. »

« Dans les périodes les plus sombres, c’est l’espoir et le souvenir de la lumière qui nous permettent de continuer à vivre. »

« Il est à la fois le jour le plus éblouissant et la nuit la plus dense. Une sorte de soleil noir, si une telle chose pouvait exister… »

Monday, June 23, 2014

Un superbe retour sur Le Vertige du Rhombus, en attendant La Voix de l'Égrégore!





Chers amis,

Juste un petit mot pour vous dire que vos emails et commentaires me comblent, puisque c'est tellement pour vous que j'écris. Je vous remercie donc de tout coeur de votre soutien et de vos retours de lecture.

Ci-dessous, une critique fine, intelligente et franchement formidable du Vertige du Rhombus, écrite par une lectrice. MERCI chère Aurélie!

"Je vous avais dit que je vous transmettrais mes impressions lorsque j'aurais terminé votre livre. Chose promise chose due! Je ne serai malheureusement pas très constructive dans mes critiques, puisque j'ai adoré. Je l'ai dévoré pour ainsi dire. 

Je trouve que votre point fort se situe dans votre capacité à matérialiser un univers, une atmosphère. Quand je vous lis, je suis véritablement transportée sur l'Île Verte: les odeurs, les couleurs, les bruits, les sensations que vous développez sont vraiment fortes. Du coup, il est aisé de se lover dans votre récit. Je vous le dit parce que c'est un aspect littéraire auquel je suis très sensible. 

D'autre part, votre palette de personnages est aussi réjouissante, je les trouve vraiment bien construits, développés, ils possèdent chacun leur caractère propre, leur personnalité. Ils sont très cohérents et du coup, le phénomène d'identification intrinsèque qui relie le lecteur au livre se fait très naturellement. Et ça c'est génial!

Par ailleurs, et très sincèrement, j'avais un peu peur au début d'être gênée par la séquentialité du récit, de me perdre dans le temps, et que le rythme soit un peu fatiguant. Encore une fois, vous maniez votre récit avec une telle fluidité que ce format ne fait, finalement, que donner davantage de profondeur à l'histoire. Vous ne vous égarez jamais, alors que l'histoire est hyper complexe! 

Et voila une chouette transition pour ma dernière "critique". J'aime beaucoup la littérature jeunesse, mais très souvent, elle m'ennuie. La pauvreté des histoires, l'adresse infantilisante à la tranche des ados, tout ça. Votre histoire, elle, est complexe, profonde. J'ai adoré l'arrivée de Tesla! Et là c'est l'apprentie historienne qui s'adresse à vous, vous transmettez à cette jeunesse des pans historiques difficiles, et douloureux, mais également des éléments de culture notamment scientifique, ardus à saisir, mais vous le faite avec une grande clarté sans jamais appauvrir le fond. Et ça, c'est brillant. 

Bref, je vous avais prévenue, mes critiques ne sont du coup, pas très constructives, votre roman est un franc succès pour ma part.

Aurélie"



Teaser du roman ICI

Wednesday, November 27, 2013

Une question à vous poser, s'il vous plaît ! :-)






Chers amis lecteurs, 

J'ai besoin de votre aide
, s'il vous plaît

J'ai une question à vous poser pour une conférence d'une heure que je vais donner à Saint-Malo le lundi 16 décembre à 18 heures -- plus à ce sujet dans un message à venir.

Des lecteurs m'ont dit que "La Marque de l'Orage", de par son atmosphère et son mélange d'histoire et de mythologie/fantastique, leur rappelait Le Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro et les romans de Carlos Ruiz Zafon.


Ma question est la suivante: de quoi rapprocheriez-vous "Le Vertige du Rhombus"? Que diriez-vous pour le décrire à des gens qui ne l'ont pas lu? 


Un immense MERCI à vous pour vos suggestions! 


NB: Vous pouvez me contacter par email (voir la rubrique CONTACT en haut de la page) ou en laissant un commentaire ci-dessous.

Friday, July 26, 2013

Une superbe critique de "Le Vertige du Rhombus" // A superb review of "The Vertigo of the Rhombus"





Les retours sur Le Vertige du Rhombus commencent à arriver...

Voici une brêve mais superbe critique  qui nous touche d'autant plus qu'elle vient d'un écrivain français que nous admirons profondément, Yveline Féray :

"Le Vertige du Rhombus tient toutes les promesses de La Marque de l'orage et au-delà. C'est magnifique et quel train d'enfer! Voilà une trilogie solide comme le granit qui survit à toutes les intempéries, portée et emportée par le grand souffle mystérieux de l'Histoire et des histoires, et la force de l'imaginaire, celui de la forêt des origines jusqu'à l'embrasement du plus lointain futur. Quelle moisson superbe ainsi semée dans la tête et le coeur des jeunes lecteurs, quels souvenirs ressuscités dans la tête et le coeur de leurs parents et surtout grands-parents!"


Feedback on The Vertigo of the Rhombus is starting to reach us...

Here is a short but superb review that touches us all the more that it is written by a French author we admire deeply, Yveline Féray:

"The Vertigo of Rhombus keeps all the promises of The Mark of the storm and more. It's beautiful and what a breakneck pace! This trilogy is as strong as granite that will survive all the assaults from the weather. It's carried by the great and mysterious breath of History and stories, and by the power of the imagination: from the forest of our origins to the stirrings of the most distant future. What a great harvest is sown here in the minds and hearts of young readers; what memories are resurrected in the minds and hearts of their parents and especially grandparents! "


Des photos d'Étonnants Voyageurs! // Photos of the Etonnants Voyageurs festival!




ENFIN!

Les photos du festival Étonnants Voyageurs qui a eu lieu à Saint-Malo, ma ville natale, en mai dernier sont enfin arrivées! Voici donc un petit album de ce séjour riche et merveilleux qui a correspondu avec le lancement du second tome de Les Maîtres de l'Orage, Le Vertige du Rhombus. J'espère qu'il vous intéressera! :-)

FINALLY!

The pictures of the festival Etonnants Voyageurs, which took place in Saint-Malo my hometown in May, have arrived at last! Here is a small photo album of this rich and wonderful time that corresponded with the launch of the second volume of The Masters of the Storm, The Vertigo of Rhombus. I hope it will be of interest to you
! :-)



La somptueuse ville de Saint-Malo.

Le Belem, de retour cette année pour Etonnants Voyageurs.



Sur la stèle dédiée aux héros de la Résistance malouine, le nom de mon grand-oncle Marcel Cotteret.

Posant pour une photo qui illustrera un portrait fait par Stéphane Echasseriau dans son superbe webzine Saint-Malo-Rama.

Interview avec le charmant Stéphane au café La Java à Saint-Malo intra-muros.


En dédicace à Etonnants Voyageurs.

Rencontres inspirantes avec des lecteurs et des collègues auteurs (Philippe Thomas à mes côtés).
 
On parle aussi avec les mains! ;-)





Les mains sompteuses d'une nouvelle lectrice de la trilogie, la très charmante Audrey.

Ma plus jeune fan, Cécile. Elle n'avait que onze ans, l'an passé, quand elle a lu La Marque de l'Orage.

Cécile, qui a maintenant douze ans, est revenue me voir cette année pour acheter Le Vertige du Rhombus (j'ai hâte de lire ce qu'elle en aura pensé!). PS: Pour lire sa critique du second tome cliquez ICI!

  
Les tomes 1 et 2 de la trilogie côte à côte dans la vitrine de mon éditeur.

 
Photos par Miles Martin.

Wednesday, July 10, 2013

Joyeux Anniversaire, Nikola Tesla ! // Happy Birthday Nikola Tesla!



Un maître de l'orage? // A master of the storm?


Aujourd'hui, 10 juillet, il y a 157 ans (en 1856), Nikola Tesla, génie méconnu de l'électricité et homme de vision et de coeur naissait en Croatie (à l'époque une partie de l'empire autrichien). Personnage secondaire mais très important dans le second tome de Les Maîtres de l'Orage, Le Vertige du Rhombus, il mourut seul et dans la misère en 1943. Aujourd'hui, on le redécouvre et l'on se demande très sérieusement si ses inventions ne pourraient pas être la solution à nombre de nos problèmes... 
Joyeux Anniversaire cher M. Tesla !


Today, 10 July, 157 years ago, Nikola Tesla was born. A central character in the second volume of the trilogy, Les Maîtres de l'Orage (The Masters of the Storm), he was an extraordinary genius, a master of electricity. A man of of vision and of deeply humane values, he wanted to help mankind and make electricity available to all. For that reason he never really "made it" and died alone in dire poverty in 1943. Today many people are motivated to revisit his extraordinary inventions as potential keys to many of our current problems. 
So here's to you dear Dr Tesla: Happy Birthday!


Dans son laboratoire avec une grosse bougie d'anniversaire ! ;-)


 



PS: Pardonnez, s'il vous plaît, le retard des photos d'Étonnants Voyageurs que je vous ai promises. Il est dû à un problème technique que j'espère résoudre très bientôt. Doigts croisés ! 
En attendant, et pour avoir des nouvelles plus régulières de la trilogie, venez nous rejoindre sur Facebook où une page "Les Maîtres de l'Orage" (cliquez sur ce lien pour y aboutir) a été créée. "Likez" la page et venez partager vos opinions avec nous ! Nous avons hâte de vous y retrouver ! :-)

Sunday, May 12, 2013

Célébration de la sortie malouine de Le Vertige du Rhombus (post in French)




Célébration, avec un bon verre de vin, de la sortie malouine de Le Vertige du Rhombus !

Chers amis lecteurs,


Pour célébrer la sortie malouine du livre chez mon éditeur Pascal Galodé, et comme promis, je vous présente ci-dessous un résumé et un extrait de Le Vertige du Rhombus

Je suis toujours chez moi en Grande-Bretagne, mais le jour de cette célébration, un somptueux orage a éclaté juste au-dessus d'où j'habite, et j'ai pris ça comme une sorte de bénédiction du livre par les dieux de l'orage...

J'espère de tout coeur que vous aimerez mon nouveau-né. :-)





Un court résumé




Mars 1942, Anne de Tréharec, son frère James et leur précepteur quittent Paris et les bombardements alliés pour se réfugier sur l’Île Verte, le siège ancestral de leur famille. Leur voyage contre la montre pour prendre le bateau est d’autant plus angoissant que, dans le coffre de leur voiture, ils cachent un passager clandestin. 


Juillet 2012, Arnaud de Tréharec, un adolescent de quinze ans, en vacances sur l’Île Verte, trouve un vieux cahier dont la lecture va bouleverser sa vie. Sieg, un Allemand de dix-sept ans, arrive sur l’île, porteur d’un écrasant secret. Rien ne prépare les deux garçons à ce qu’ensemble ils vont découvrir.



1942 : l’île est sous la botte allemande depuis deux ans, mais les difficultés quotidiennes liées à l’Occupation sont peu de chose en comparaison des disparitions d’enfants qui terrifient les îliens et alimentent leurs superstitions. Pour retrouver les disparus, Anne et sa nouvelle amie, Marwen, devront faire face au très mystérieux Rhombus, l’infernal secret des nazis et la raison profonde de leur présence sur l’île.



2012 : de terrifiants phénomènes naturels s’abattent sur l’île. Arnaud et Sieg se retrouvent au centre des terribles répercutions que des évènements passés ont sur le présent. Armés de leur courage et du peu qu’ils savent sur ce qui les relie au grand inventeur Nikola Tesla, ils devront eux aussi faire face au monstrueux Rhombus.



Par-delà le temps, en 1942 et en 2012, auront-ils la force d’affronter le monstre créé par une lignée de génies fous ? Et pourront-ils survivre à l’épreuve inhumaine qui leur sera imposée ?


 Un extrait


Pour être sûre de ne pas déflorer l'histoire, j'ai choisi de partager avec vous les huit premières pages de ce second tome, soit les trois premiers courts chapitres. Cette toute petite mise en bouche vous présentera les deux narrateurs de l'histoire : Anne en 1942 et Arnaud en 2012. 
PS: Pour ceux qui ont lu le premier tome, Marwen et Gaël sont aussi activement inclus dans ce second livre...




Côtes-du-Nord,[1] mars 1942





           Un cahot plus violent que les autres précipita Anne de Tréharec contre le siège avant de la voiture et la réveilla en sursaut. Elle se frotta les yeux et passa ses doigts engourdis dans son épaisse chevelure brune. Combien de temps avait-elle dormi ?

            Un coup d’œil par la fenêtre lui indiqua que le paysage n’avait pas changé depuis des kilomètres : des chemins étroits encastrés entre de hauts talus broussailleux qui bouchaient la vue et lui donnaient envie de vomir. Alors qu’elle tournait la tête, une toupie sombre tournoya devant ses yeux. Anne réprima à grand mal une nausée. Elle ne voyageait pas bien en voiture.

            Coincée sur le siège arrière au milieu d’un amas de valises et de sacs, Anne frissonna. Il faisait froid dans la vieille Citroën qui cahotait péniblement sur la route pleine d’ornières.

            — C’est un vrai parcours du combattant cette route ! grommela le Frère Jean.

Une main sur le volant, il s’empara de ses petites lunettes à monture métallique et essaya de les astiquer contre son chandail avant de les replacer sur son nez.

— C’est ma myopie, mes lunettes, la buée dedans ou le brouillard dehors ?

— Sans doute un peu des quatre, répondit son passager, un adolescent blond dont le regard tentait lui aussi de percer le flou combiné de la condensation intérieure et de la brume extérieure.

Le Frère Jean passa une main impatiente sur la vitre devant lui.

— C’est une vraie purée de pois ! U-ne-pu-rée-de-pois, répéta-t-il plusieurs fois en appuyant sur chaque syllabe.

L’adolescent se retourna et fit un clin d’œil taquin à sa sœur. Anne se força à lui répondre par un sourire.

— Quelle heure est-il James ? demanda le Frère. Malgré ses efforts pour sembler détendu, la tension dans sa voix était presque palpable.

James se rassit face à la route et jeta un coup d’œil à sa montre.

— Presque quatre heures.

— Aïe, dit le Frère. La nuit tombe déjà.

— Vous croyez qu’ils ne vont pas nous attendre, demanda Anne en tentant, elle aussi, de masquer l’anxiété dans sa voix.

— À cette allure… commença le Frère. En plus ils ne connaissent pas la date exacte…

— Ils nous attendront, dit James.

Il se retourna à nouveau vers sa sœur et, son regard bleu fixé dans le sien, il répéta tout bas : « Ils nous attendront ».

Son visage était calme et assuré.

Anne détourna les yeux. Bien qu’elle sache que son frère voulait la rassurer, le vieil énervement remontait en elle. Il ne pouvait rien lui promettre de la sorte et ferait mieux de se taire.

Elle soupira, se laissa glisser un peu sur la banquette et posa sa tête contre le dossier. Elle allait se laisser aller de nouveau au sommeil quand une ombre gigantesque comme un homme aux ailes déployées apparut juste devant la voiture. Le Frère Jean freina en tournant le volant de toutes ses forces. Le véhicule fit une embardée vers la gauche puis s’arrêta net contre le rebord du chemin creux. Le rebond secoua violemment les trois passagers.

— Qu’est-ce que c’était, dit le Frère en haletant.

            — On a écrasé quelqu’un, balbutia Anne les yeux dilatés d’horreur.





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Île Verte, juillet 2012





Arnaud de Tréharec ne bougeait pas.

L’adolescent ne semblait remarquer ni la chaleur lourde qui avait banni toute fraîcheur du vieux grenier, ni la mouche ivre qui se heurtait en vrombissant contre la vitre brûlante. Sous la fenêtre entrouverte, qui ne rendait pas un souffle d’air mais dans la clarté de laquelle Arnaud était assis, il ne paraissait pas conscient de ce qui l’entourait.

            Sa tignasse brune, retenue par une vieille épingle à cheveux de sa mère au-dessus de ses sourcils froncés, son haut front et l’espace entre son nez droit et ses lèvres remplies avaient beau être mouillés de sueur, cela le laissait indifférent. Rien, semblait-il, n’aurait pu le distraire de sa lecture passionnée.

Graduellement, la lumière intense du soleil de juillet s’atténua, tamisée par le passage d’un rideau de nuages sombres. Un grondement doux ronronna mollement dans le lointain. Ni la brise fraîche qui se glissa enfin par la lucarne du grenier, ni la porte qui claqua dans les profondeurs silencieuses de la vieille maison ne sortirent le garçon de sa transe. Seule sa main droite bougeait de temps en temps pour tourner délicatement une page jaunie du vieux cahier qui l’absorbait.

Lorsque soudain un hurlement retentit près de lui, il sursauta.

— Ce con de Bertrand ! marmonna-t-il en tendant la main vers son portable qu’il mit en haut-parleur.

— Enfin je peux t’avoir dans ton trou paumé ! dit une voix moqueuse au bout du fil. Ça fait des jours que j’essaie.

— J’avais oublié que t’avais changé ma sonnerie ! dit Arnaud. J’étais au bord de la crise cardiaque !

Un rire sardonique explosa dans le haut-parleur.

— Faut bien te réveiller de temps en temps ! Tu t’embêtes pas trop chez les culs-terreux ?

Ne serait-ce que deux jours plus tôt, Arnaud se serait lancé dans une invective contre l’Île Verte où il était forcé de passer ses vacances, loin de ses amis et loisirs favoris : à son âge, pas loin de seize ans, un véritable scandale. Mais tout avait changé si brusquement et si récemment que Bertrand semblait maintenant faire partie d’un autre monde et qu’Arnaud ne savait que lui dire.

— Ça pourrait être pire, dit-il avec un soupir.

— Waouh ! dit Bertrand. Changement massif !

— Non, commença Arnaud, c’est juste que je suis bien obligé de m’y faire… J’ai encore deux mois à tirer.

— La Gitane t’a pas encore fait tourner chèvre ?

La mention de sa mère sous son pseudo de « la Gitane » finit de le sortir de sa transe et le précipita dans la navrante réalité de sa vie. Il était convaincu que sa mère était la source de tous ses problèmes, le poison qui lui gâchait l’existence. Ce n’était pas qu’elle soit tout le temps sur son dos à lui dire que faire, mais c’était d’une façon beaucoup plus subtile qu’elle réussissait à envahir tous les aspects de sa vie sous des faux airs de complice.

— M’en parle pas ! s’exclama Arnaud. Elle me gonfle sérieusement, mais heureusement qu’elle a ses copines et leurs gosses pour l’occuper. Par contre moi, entre leurs chants tribaux du fin fond de la Papouasie et leurs mioches qu’arrêtent pas de hurler...

Bertrand éclata de rire.

— Avoue que ça te manque maintenant, mon Death Metal [2] !

Arnaud émit un gloussement sceptique.

— Et la tienne de mère, toujours aussi « pas chiante » ?

— Faut pas se plaindre, dit Bertrand d’un ton satisfait, elle est tout à fait gérable. Je l’ai bien matée. C’est mon père qui craint. Il s’est mis dans le crâne que je devais bosser cet été.

— Pour gagner de l’argent ? Veinard !

— Non, pour rattraper mon retard scolaire !

— Aïe, dit Arnaud.

— Évidemment toi, avec les notes que tu te tapes, t’as pas ce problème !

— Non, mais je suis pourtant coincé au bout du monde, sans personne, et j’ai même pas encore reçu mon VTT.

— Ben, t’es coupé de la civilisation sur ton île. Mais au moins tu peux nager ou surfer. T’es trop con si t’as pas capté ça !

            — J’ai capté ! Et j’en ai bien profité depuis mon arrivée, mais au bout d’un moment…

— Ouais, je sais, j’te manque !

Le rire sardonique de Bertrand retentit à nouveau dans l’écouteur.

— C’est ça ! dit Arnaud.

            — Bon, faut que je te laisse, autrement mon paternel va en faire une jaunisse quand il va voir ma note de portable.

— La Bretagne c’est pas l’Australie ! protesta Arnaud. Allez, gamin, va faire tes devoirs !

— Et toi, va bouffer ton porridge bio en écoutant tes chants de zoulous ! À plus !

Arnaud rit. La voix de Bertrand se tut et l’écran du portable s’éteignit.

Un éclair illumina l’épais couvercle de nuages noirs et un craquement grave le suivit. De grosses gouttes de pluie vinrent s’écraser sur la vitre du vasistas et une odeur de terre humide rafraîchit l’atmosphère lourde du grenier.

Arnaud frissonna.

Il serra le vieux cahier contre lui avant de le remettre dans la caisse de paperasseries où il l’avait découvert. Il laissa sa main traîner un instant sur la caisse, puis, un sourire étrange aux lèvres, il s’approcha de la lucarne entrouverte, huma l’air frais et tendit son visage vers la pluie tiède, manne généreuse descendue des profondeurs grondantes du ciel.



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 Côtes-du-Nord, mars 1942





— Ne bougez pas d’ici, je sors ! dit le Frère Jean. Sa voix altérée en disait long sur son angoisse.

Il ouvrit la portière et un peu de l’épaisse fumée du brouillard entra dans la voiture.

— Surtout ne sortez pas, répéta-t-il en s’extirpant de son siège, ce temps est trop malsain.

Il ne mentionna pas la question qui les hantait tous les trois : avaient-ils renversé quelqu’un ? Y avait-il un blessé ou un mort sur la route ?

La portière se referma derrière lui. Un peu du froid humide et stagnant de l’extérieur transperça James et Anne de Tréharec. Anne vit son frère machinalement retenir son souffle. Inspirer du brouillard rendait malade, on le leur avait rabâché toute leur enfance. Elle eut envie d’ouvrir la fenêtre pour s’en emplir les poumons, juste par esprit de contradiction.

Sans se retourner, James allongea son bras gauche vers sa sœur. Elle ne répondit pas à son geste et au bout d’un moment il retira son bras. Le frère et la sœur restèrent ainsi, chacun enfermé dans son angoisse, sans oser parler ni regarder par la lunette arrière.

Dans la confusion qui suivait l’accident, Anne se demandait si on avait ou non ressenti un choc avant de heurter le rebord de la route. Si on avait ou non renversé l’être fantastique qui avait surgi devant la voiture. Elle aurait juré que le personnage s’était comme coupé en deux sous leurs yeux. D’un côté le corps qui s’était effondré sur la route et de l’autre les ailes qui s’étaient envolées. Impossible !

            Le brouillard épaississait dehors. Le temps passait si lentement qu’il semblait à Anne que le Frère Jean était parti depuis des heures. James dut sentir la tension de sa sœur, à moins qu’il ne l’ait ressentie lui-même, car il se tourna vers elle.

— Je vais aller voir si je peux aider le Frère, dit-elle.

            — Non ! s’exclama James. Ça pourrait être dangereux et il nous a fait promettre de rester ici.

— S’il a un problème, il aura besoin d’aide.

— C’est vrai, dit l’adolescent. J’y vais.

— Mais ta j… dit Anne.

Elle se mordit la lèvre. On ne mentionnait jamais la polio qui avait rendu son frère infirme. De remords, elle s’empara de la main de James. Elle devina dans la pénombre qu’il lui souriait avec reconnaissance.

— Ne t’inquiète pas, dit-il, je suis tout à fait capable de me débrouiller. En plus, c’est moi l’aîné, laisse-moi y aller.

— Bien sûr ! dit Anne, essayant d’exprimer dans sa voix toute la confiance qu’elle n’avait pas en la force de son frère. Mais je pourrais moi aussi aider. Je viens avec toi !

Alors qu’ils s’apprêtaient à sortir, une forme lourde et tordue surgit du brouillard et frappa furieusement à la vitre d’Anne. Le frère et la sœur échangèrent un regard anxieux.

Un visage familier se colla presque à la glace. C’était le Frère Jean.

— Ouvrez vite et faites de la place pour un passager, dit-il.

Sans prendre le temps de réfléchir, Anne ouvrit la portière et commença à jeter les sacs qui embarrassaient l’arrière de l’auto vers les sièges avant. James les reçut comme il le pouvait. Elle eut à peine le temps de glisser le long de la banquette qu’un grand corps s’effondrait lourdement à ses côtés.

— James, passe-moi vite une couverture, dit le Frère, le visage empourpré par l’effort.

Il enveloppa le corps sans vie avec la couverture du mieux qu’il le put.

— Anne, ajouta-t-il après avoir réfléchi un instant, mieux vaudrait le pousser vers le milieu du siège et toi tu prendras la place près de la fenêtre. Il ne faut surtout pas qu’on le voie.

Au prix d’une gymnastique compliquée, Anne réussit à suivre les instructions du frère. À peine fut-elle de nouveau installée près de la vitre que la tête de l’inconnu, dodelinant sous la poussée, tomba contre l’épaule de l’adolescente. Elle essaya de distinguer ses traits mais ne put voir qu’une masse enchevêtrée de boucles d’un noir de jais.

— James, repasse-moi les sacs qu’on le cache dessous, dit le Frère Jean.

             — Mais ça va l’écraser ! protesta Anne.

Elle se sentait responsable du propriétaire de la tête qui pesait sur son épaule.

— On va faire attention, dit le Frère, mais il ne faut surtout pas qu’on le trouve. Allez, vite ! On n’a pas une minute à perdre !

Anne sursauta quand elle sentit soudain quelque chose frôler sa jambe. Elle vit que la main de l’étranger avait glissé et la prit doucement pour la remettre sous la couverture. C’était une main solide, une main de pêcheur ou de paysan, dont Anne sentit la rugosité mais qui, bien qu’inanimée, était souple et tiède. L’adolescente poussa un soupir de soulagement : Dieu merci il était bien en vie !

Les bagages arrangés tant bien que mal pour dissimuler le passager sans l’étouffer, le Frère claqua la portière et reprit sa place sur le siège du conducteur.

— Une prière pour que la voiture démarre, dit-il en tirant le bouton de démarrage.

Après plusieurs essais, le moteur se mit enfin à crachoter. Le Frère dut s’épuiser au volant pour réussir à remettre la lourde voiture face à la route. Puis, le pied sur l’accélérateur, il lança l’auto à travers l’épais brouillard en direction de la côte.

Un grand oiseau blanc sortit du mur de brume qui engloutissait les talus au bord de la route et, sans un bruit, s’envola derrière la voiture.





[1] À l’époque les Côtes-d’Armor se nommaient les Côtes du Nord.
[2] Le « death metal » (DM) est un sous-genre de la musique « metal », caractérisé par des paroles et musiques sombres et/ou violentes, souvent chantées d’une voix gutturale et grave et parfois accompagnées de hurlements.