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Thursday, December 31, 2015

Bonne Année mes amis!




Chers amis,

Je vous souhaite à tous une bonne et heureuse année 2016. Après une bien sombre et même tragique 2015, je souhaite de tout cœur que cette nouvelle année voie un retour vers la paix, ainsi qu'un élan universel vers plus de compassion et de tolérance.

Comme j'espère avoir bientôt de bonnes nouvelles à vous annoncer à propos de la publication en 2016 du troisième tome de ma trilogie, La voix de l'Égrégore, je joins ci-dessous à mes vœux les quatre premiers chapitres du second tome, Le vertige du RhombusIls se déroulent en Bretagne, parallèlement en 1942 et 
en 2012. 
(L'intrigue du troisième tome, elle, démarrera sur les chapeaux de roues à Paris, parallèlement en 1943 et 
en 2013). 

Je tiens enfin à remercier ici mes lectrices et lecteurs de leur patience et de leur soutien qui m'ont été 
tellement précieux cette année. 

À bientôt donc, chers amis, et encore une fois 
BONNE ANNÉE!






LE VERTIGE DU RHOMBUS

TOME 2 des MAÎTRES DE L'ORAGE


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Côtes du Nord,[1] mars 1942


Un cahot plus violent que les autres précipita Anne de Tréharec contre le siège avant de la voiture et la réveilla en sursaut. Elle se frotta les yeux et passa ses doigts engourdis dans son épaisse chevelure brune. Combien de temps avait-elle dormi ?
Un coup d’œil par la fenêtre lui indiqua que le paysage n’avait pas changé depuis des kilomètres : des chemins étroits encastrés entre de hauts talus broussailleux qui bouchaient la vue et lui donnaient envie de vomir. Alors qu’elle tournait la tête, une toupie sombre tournoya devant ses yeux. Anne réprima à grand mal une nausée. Elle ne voyageait pas bien en voiture.
Coincée sur le siège arrière au milieu d’un amas de valises et de sacs, Anne frissonna. Il faisait froid dans la vieille Citroën qui cahotait péniblement sur la route pleine d’ornières.
     — C’est un vrai parcours du combattant cette route ! grommela le Frère Jean.
Une main sur le volant, il s’empara de ses petites lunettes à monture métallique et essaya de les astiquer contre son chandail avant de les replacer sur son nez.
— C’est ma myopie, mes lunettes, la buée dedans ou le brouillard dehors ?
— Sans doute un peu des quatre, répondit son passager, un adolescent blond dont le regard tentait lui aussi de percer le flou combiné de la condensation intérieure et de la brume extérieure.
Le Frère Jean passa une main impatiente sur la vitre devant lui.
— C’est une vraie purée de pois ! U-ne-pu-rée-de-pois, répéta-t-il plusieurs fois en appuyant sur chaque syllabe.
L’adolescent se retourna et fit un clin d’œil taquin à sa sœur. Anne se força à lui répondre par un sourire.
— Quelle heure est-il James ? demanda le Frère. Malgré ses efforts pour sembler détendu, la tension dans sa voix était presque palpable.
James se rassit face à la route et jeta un coup d’œil à sa montre.
— Presque quatre heures.
— Aïe, dit le Frère. La nuit tombe déjà.
— Vous croyez qu’ils ne vont pas nous attendre, demanda Anne en tentant, elle aussi, de masquer l’anxiété dans sa voix.
— À cette allure… commença le Frère. En plus ils ne connaissent pas la date exacte…
— Ils nous attendront, dit James.
Il se retourna à nouveau vers sa sœur et son regard bleu fixé dans le sien, il répéta tout bas : « Ils nous attendront ».
Son visage était calme et assuré.
Anne détourna les yeux. Bien qu’elle sache que son frère voulait la rassurer, le vieil énervement remontait en elle. Il ne pouvait rien lui promettre de la sorte et ferait mieux de se taire.
Elle soupira, se laissa glisser un peu sur la banquette et posa sa tête contre le dossier. Elle allait se laisser aller de nouveau au sommeil quand une ombre gigantesque comme un homme aux ailes déployées apparut juste devant la voiture. Le Frère Jean freina en tournant le volant de toutes ses forces. Le véhicule fit une embardée vers la gauche puis s’arrêta net contre le rebord du chemin creux. Le rebond secoua violemment les trois passagers.
— Qu’est-ce que c’était, dit le Frère en haletant.
       — On a écrasé quelqu’un, balbutia Anne les yeux dilatés d’horreur. 

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Île Verte, juillet 2012


Arnaud de Tréharec ne bougeait pas.
L’adolescent ne semblait remarquer ni la chaleur lourde qui avait banni toute fraîcheur du vieux grenier, ni la mouche ivre qui se heurtait en vrombissant contre la vitre brûlante. Sous la fenêtre entrouverte, qui ne rendait pas un souffle d’air mais dans la clarté de laquelle Arnaud était assis, il ne paraissait pas conscient de ce qui l’entourait.
Sa tignasse brune, retenue par une vieille épingle à cheveux de sa mère au-dessus de ses sourcils froncés, son haut front et l’espace entre son nez droit et ses lèvres remplies avaient beau être mouillés de sueur, cela le laissait indifférent. Rien, semblait-il, n’aurait pu le distraire de sa lecture passionnée.
Graduellement, la lumière intense du soleil de juillet s’atténua, tamisée par le passage d’un rideau de nuages sombres. Un grondement doux ronronna mollement dans le lointain. Ni la brise fraîche qui se glissa enfin par la lucarne du grenier, ni la porte qui claqua dans les profondeurs silencieuses de la vieille maison ne sortirent le garçon de sa transe. Seule sa main droite bougeait de temps en temps pour tourner délicatement une page jaunie du vieux cahier qui l’absorbait.
Lorsque soudain un hurlement retentit près de lui, il sursauta.
— Ce con de Bertrand ! marmonna-t-il en tendant la main vers son portable qu’il mit en haut-parleur.
— Enfin je peux t’avoir dans ton trou paumé ! dit une voix moqueuse au bout du fil. Ça fait des jours que j’essaie.
— J’avais oublié que t’avais changé ma sonnerie ! dit Arnaud. J’étais au bord de la crise cardiaque !
Un rire sardonique explosa dans le haut-parleur.
— Faut bien te réveiller de temps en temps ! Tu t’embêtes pas trop chez les culs-terreux ?
Ne serait-ce que deux jours plus tôt, Arnaud se serait lancé dans une invective contre l’Île Verte où il était forcé de passer ses vacances, loin de ses amis et loisirs favoris : à son âge, pas loin de seize ans, un véritable scandale. Mais tout avait changé si brusquement et si récemment que Bertrand semblait maintenant faire partie d’un autre monde et qu’Arnaud ne savait que lui dire.
— Ça pourrait être pire, dit-il avec un soupir.
— Waouh ! dit Bertrand. Changement massif !
— Non, commença Arnaud, c’est juste que je suis bien obligé de m’y faire… J’ai encore deux mois à tirer.
— La Gitane t’a pas encore fait tourner chèvre ?
La mention de sa mère sous son pseudo de « la Gitane » finit de le sortir de sa transe et le précipita dans la navrante réalité de sa vie. Il était convaincu que sa mère était la source de tous ses problèmes, le poison qui lui gâchait l’existence. Ce n’était pas qu’elle soit tout le temps sur son dos à lui dire que faire, mais c’était d’une façon beaucoup plus subtile qu’elle réussissait à envahir tous les aspects de sa vie sous des faux airs de complice.
— M’en parle pas ! s’exclama Arnaud. Elle me gonfle sérieusement, mais heureusement qu’elle a ses copines et leurs gosses pour l’occuper. Par contre moi, entre leurs chants tribaux du fin fond de la Papouasie et leurs mioches qu’arrêtent pas de hurler...
Bertrand éclata de rire.
— Avoue que ça te manque maintenant, mon Death Metal [2] !
Arnaud émit un gloussement sceptique.
— Et la tienne de mère, toujours aussi « pas chiante » ?
— Faut pas se plaindre, dit Bertrand d’un ton satisfait, elle est tout à fait gérable. Je l’ai bien matée. C’est mon père qui craint. Il s’est mis dans le crâne que je devais bosser cet été.
— Pour gagner de l’argent ? Veinard !
— Non, pour rattraper mon retard scolaire !
— Aïe, dit Arnaud.
— Évidemment toi, avec les notes que tu te tapes, t’as pas ce problème !
— Non, mais je suis pourtant coincé au bout du monde, sans personne, et j’ai même pas encore reçu mon VTT.
— Ben, t’es coupé de la civilisation sur ton île. Mais au moins tu peux nager ou surfer. T’es trop con si t’as pas capté ça !
      — J’ai capté ! Et j’en ai bien profité depuis mon arrivée, mais au bout d’un moment…
— Ouais, je sais, j’te manque !
Le rire sardonique de Bertrand retentit à nouveau dans l’écouteur.
— C’est ça ! dit Arnaud.
      — Bon, faut que je te laisse, autrement mon paternel va en faire une jaunisse quand il va voir ma note de portable.
— La Bretagne c’est pas l’Australie ! protesta Arnaud. Allez, gamin, va faire tes devoirs !
— Et toi, va bouffer ton porridge bio en écoutant tes chants de zoulous ! À plus !
Arnaud rit. La voix de Bertrand se tut et l’écran du portable s’éteignit.
Un éclair illumina l’épais couvercle de nuages noirs et un craquement grave le suivit. De grosses gouttes de pluie vinrent s’écraser sur la vitre du vasistas et une odeur de terre humide rafraîchit l’atmosphère lourde du grenier.
Arnaud frissonna.
Il serra le vieux cahier contre lui avant de le remettre dans la caisse de paperasseries où il l’avait découvert. Il laissa sa main traîner un instant sur la caisse, puis, un sourire étrange aux lèvres, il s’approcha de la lucarne entrouverte, huma l’air frais et tendit son visage vers la pluie tiède, manne généreuse descendue des profondeurs grondantes du ciel.

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Côtes du Nord, mars 1942


— Ne bougez pas d’ici, je sors ! dit le Frère Jean. Sa voix altérée en disait long sur son angoisse.
Il ouvrit la portière et un peu de l’épaisse fumée du brouillard entra dans la voiture.
— Surtout ne sortez pas, répéta-t-il en s’extirpant de son siège, ce temps est trop malsain.
Il ne mentionna pas la question qui les hantait tous les trois : avaient-ils renversé quelqu’un ? Y avait-il un blessé ou un mort sur la route ?
La portière se referma derrière lui. Un peu du froid humide et stagnant de l’extérieur transperça James et Anne de Tréharec. Anne vit son frère machinalement retenir son souffle. Inspirer du brouillard rendait malade, on le leur avait rabâché toute leur enfance. Elle eut envie d’ouvrir la fenêtre pour s’en emplir les poumons, juste par esprit de contradiction.
Sans se retourner, James allongea son bras gauche vers sa sœur. Elle ne répondit pas à son geste et au bout d’un moment il retira son bras. Le frère et la sœur restèrent ainsi, chacun enfermé dans son angoisse, sans oser parler ni regarder par la lunette arrière.
Dans la confusion qui suivait l’accident, Anne se demandait si on avait ou non ressenti un choc avant de heurter le rebord de la route. Si on avait ou non renversé l’être fantastique qui avait surgi devant la voiture. Elle aurait juré que le personnage s’était comme coupé en deux sous leurs yeux. D’un côté le corps qui s’était effondré sur la route et de l’autre les ailes qui s’étaient envolées. Impossible !
Le brouillard épaississait dehors. Le temps passait si lentement qu’il semblait à Anne que le Frère Jean était parti depuis des heures. James dut sentir la tension de sa sœur, à moins qu’il ne l’ait ressentie lui-même, car il se tourna vers elle.
— Je vais aller voir si je peux aider le Frère, dit-elle.
       — Non ! s’exclama James. Ça pourrait être dangereux et il nous a fait promettre de rester ici.
— S’il a un problème, il aura besoin d’aide.
— C’est vrai, dit l’adolescent. J’y vais.
— Mais ta j… dit Anne.
Elle se mordit la lèvre. On ne mentionnait jamais la polio qui avait rendu son frère infirme. De remords, elle s’empara de la main de James. Elle devina dans la pénombre qu’il lui souriait avec reconnaissance.
— Ne t’inquiète pas, dit-il, je suis tout à fait capable de me débrouiller. En plus, c’est moi l’aîné, laisse-moi y aller.
— Bien sûr ! dit Anne, essayant d’exprimer dans sa voix toute la confiance qu’elle n’avait pas en la force de son frère. Mais je pourrais moi aussi aider. Je viens avec toi !
Alors qu’ils s’apprêtaient à sortir, une forme lourde et tordue surgit du brouillard et frappa furieusement à la vitre d’Anne. Le frère et la sœur échangèrent un regard anxieux.
Un visage familier se colla presque à la glace. C’était le Frère Jean.
— Ouvrez vite et faites de la place pour un passager, dit-il.
Sans prendre le temps de réfléchir, Anne ouvrit la portière et commença à jeter les sacs qui embarrassaient l’arrière de l’auto vers les sièges avant. James les reçut comme il le pouvait. Elle eut à peine le temps de glisser le long de la banquette qu’un grand corps s’effondrait lourdement à ses côtés.
— James, passe-moi vite une couverture, dit le Frère, le visage empourpré par l’effort.
Il enveloppa le corps sans vie avec la couverture du mieux qu’il le put.
— Anne, ajouta-t-il après avoir réfléchi un instant, mieux vaudrait le pousser vers le milieu du siège et toi tu prendras la place près de la fenêtre. Il ne faut surtout pas qu’on le voie.
Au prix d’une gymnastique compliquée, Anne réussit à suivre les instructions du frère. À peine fut-elle de nouveau installée près de la vitre que la tête de l’inconnu, dodelinant sous la poussée, tomba contre l’épaule de l’adolescente. Elle essaya de distinguer ses traits mais ne put voir qu’une masse enchevêtrée de boucles d’un noir de jais.
— James, repasse-moi les sacs qu’on le cache dessous, dit le Frère Jean.
       — Mais ça va l’écraser ! protesta Anne.
Elle se sentait responsable du propriétaire de la tête qui pesait sur son épaule.
— On va faire attention, dit le Frère, mais il ne faut surtout pas qu’on le trouve. Allez, vite ! On n’a pas une minute à perdre !
Anne sursauta quand elle sentit soudain quelque chose frôler sa jambe. Elle vit que la main de l’étranger avait glissé et la prit doucement pour la remettre sous la couverture. C’était une main solide, une main de pêcheur ou de paysan, dont Anne sentit la rugosité mais qui, bien qu’inanimée, était souple et tiède. L’adolescente poussa un soupir de soulagement : Dieu merci il était bien en vie !
Les bagages arrangés tant bien que mal pour dissimuler le passager sans l’étouffer, le Frère claqua la portière et reprit sa place sur le siège du conducteur.
— Une prière pour que la voiture démarre, dit-il en tirant le bouton de démarrage.
Après plusieurs essais, le moteur se mit enfin à crachoter. Le Frère dut s’épuiser au volant pour réussir à remettre la lourde voiture face à la route. Puis, le pied sur l’accélérateur, il lança l’auto à travers l’épais brouillard en direction de la côte.
Un grand oiseau blanc sortit du mur de brume qui engloutissait les talus au bord de la route et, sans un bruit, s’envola derrière la voiture. 

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Île Verte, juillet 2012


— Arnaud ! Arnaud ! Coucou !
— Et merde ! ronchonna Arnaud.
— Arnaud ! reprit la voix aiguë. T’es où ? On est rentrés !
Arnaud leva les yeux au ciel.
— Faudrait être sourd pour pas le savoir ! marmonna-t-il.
— Naunaud ! On est là !
« Naunaud ! » Arnaud soupira puis, l’air accablé, se leva de son lit.
On ne pouvait pas avoir une minute de tranquillité dans cette baraque ! Qu’est-ce qu’elle avait toujours à crier ? Elle ne savait pas parler comme tout le monde. Il fallait toujours qu’elle se fasse remarquer !
— Naunaud, on met la bouilloire à chauffer ! hurla la voix. Tu viens ? Mais qu’est-ce qu’il y a ma chouchoune ? Tu veux du Nutella ? Où est ta maman ? Tu ne préfèrerais pas le bon miel bio de Tatie Poppy ?
Typique d’elle ! Elle le dérangeait, le harcelait, l’obligeait à faire ce qu’elle voulait en l’embarrassant à mort et puis deux secondes après elle pensait déjà à autre chose et se répandait en niaiseries avec ses amies et leurs rejetons abjects. Si Arnaud avait été un chien il aurait montré ses crocs et grondé furieusement. Faute de ça, il serra les poings et, en enfilant ses tongs, laissa échapper entre ses dents un chapelet de jurons.
Il descendit les escaliers en bois sans enthousiasme. La maison était très ancienne et avait un charme lié à son âge et à la façon désuète dont elle était aménagée. Mais la mère d’Arnaud y avait déjà mis sa marque. Batiks pendus aux murs en guise de tentures, foulards indiens jetés sur les abat-jour en soie plissée du salon, bougies et porte-encens essaimés un peu partout. Arnaud détestait tout ce désordre qu’elle appelait décoration. Il aurait tellement préféré voir les meubles anciens, les peintures de marine et les objets précieux, ramenés par ses ancêtres de leurs voyages au long-court, dans la simplicité qui était la leur et qui était leur plus belle parure.
Il arriva à la porte de la cuisine et évita de justesse un enfant qui courait et lui aurait donné un coup de tête dans le ventre.
        — Hé ! s’exclama-t-il. Fais gaffe où tu vas !
L’enfant ne fit pas attention à lui et continua sa course folle, tel un taureau, le front en avant.
      — Naunaud darling te voilà ! dit sa mère en levant un instant la tête du monceau de tartines qu’elle était en train de beurrer. Sers-toi chouchou !
Arnaud ne supportait plus la façon qu’elle avait d’affubler ses proches (et lui, son fils unique, en particulier) de sobriquets ridicules. Et ce tic qu’elle avait de mettre de l’anglais partout. Tout en elle était faux même son nom. Elle s’appelait banalement Patricia mais se faisait appeler Poppy.
Arnaud grommela un remerciement et attrapa deux tartines avant de sortir dans le jardin.
Sur le pas de la porte, il s’arrêta pour inspirer l’air frais saturé d’humidité. Ça sentait le vert et la pureté. Il avança sur la pelouse et ses orteils se rétractèrent au contact de l’herbe trempée. En colère avec lui-même pour cette réaction d’enfant des villes, il les força non seulement à se détendre mais aussi à apprécier la fraîcheur humide.
Les enfants des amies de sa mère hurlaient en se poursuivant dans le jardin (le plus vieux ne pouvait pas avoir plus de dix ans). Arnaud décida de partir se perdre dans le parc du domaine pour être tranquille et continuer à réfléchir à ce qu’il venait de découvrir dans le cahier jauni du grenier.
Il dut marcher un bon moment avant de trouver un coin suffisamment isolé pour ne plus entendre les éclats de voix venus de la maison.
Les arbres ancestraux l’entouraient de leur épaisse coupole sombre : peut-être avaient-ils connu l’auteure mystérieuse du journal qu’il avait trouvé. Quel âge aurait-elle aujourd’hui ? Treize ans en 1940… Elle serait hyper vieille ! L’âge de Mamicé, la mère de son père. Arnaud se demanda si sa grand-mère avait connu la fille du cahier. Il aurait bien du mal à le lui demander car elle était à l’hôpital à Paris, « entre la vie et la mort ».
Quand un jour son père était rentré l’air assombri et lui avait annoncé que sa grand-mère avait eu une attaque, cela ne lui avait fait ni chaud ni froid. Il la connaissait à peine. Poppy, sa mère, et elle ne s’aimaient pas. Poppy trouvait sa belle-mère trop froide et raide, et Mamicé avait donc été rayée des listes.
 Quand il était petit il allait parfois la voir avec son père, mais ça faisait des années que son père y allait tout seul. Il se souvenait d’elle comme d’une dame distinguée et peut-être un peu raide. Mais elle avait un sourire très jeune et il l’avait toujours trouvée plutôt jolie. Son grand-père était mort avant sa naissance et il ne savait pas grand-chose sur lui. Il ne s’était à vrai dire jamais posé de questions à leur sujet.
Sans s’en rendre compte il avait marché jusqu’à l’étang. Des ajoncs bordaient l’eau stagnante et emplissaient l’air de leur parfum sucré. En fermant les yeux on se serait cru dans un pays exotique tant leur parfum rappelait celui de la noix de coco.
Arnaud trouva un endroit où les bords de l’étang étaient dégagés. Il s’assit sur une souche de chêne et commença à mâcher son pain en rêvassant.
Une brume perlée montait de la surface de l’eau et il crut voir une silhouette se former dans le flou. C’était la forme gracile d’une fillette de treize ans, à genoux dans une barque. Elle était habillée d’une robe chasuble démodée et ses cheveux entouraient son visage de deux tresses dorées.
Il écarquilla les yeux et la vision s’évanouit. Un grondement sourd résonna dans le lointain. Il allait repleuvoir.
Arnaud secoua la tête pour chasser l’hallucination, se leva et décida de rentrer. Ses tongs lui collaient aux pieds et il se déchaussa pour marcher pieds-nus dans l’herbe mouillée. Il ne put faire que quelques mètres avant qu’une douleur aiguë ne lui arrache un cri d’angoisse. Sur quoi avait-il marché ?
La douleur lui plomba la tête et il tomba de tout son long.







[1] À l’époque les Côtes d’Armor se nommaient les Côtes du Nord.
[2] Le « death metal » (DM) est un sous genre de la musique « metal », caractérisé par des paroles et musiques sombres et/ou violentes, souvent chantées d’une voix gutturale et grave et parfois accompagnées de hurlements.

Wednesday, November 19, 2014

Quelques nouvelles de La Voix de l'Égrégore.


LA VOIX DE L'ÉGRÉGORE, le troisième tome des Maîtres de l'Orage, sera publié en mars 2015. Il est presque fini. :)




Thursday, August 21, 2014

"La Voix de l'Égrégore" (quelques nouvelles)



 Le Grand Cerf Blanc de l'Île Verte, tel que je l'imagine.
("The Forgotten Gods" par le très talentueux Yoann Lossel)


Chers amis,


Quelques nouvelles fraîches à propos de La Voix de l'Égrégore (le troisième et dernier tome des Maîtres de l'orage).

Le livre avance très bien et a maintenant dépassé le nombre de mots de La Marque de l'Orage. Cela signifie que les personnages et moi sommes en route vers le nombre de mots du Vertige du RhombusEvénements et révélations se succèdent à un rythme soutenu sur les deux lignes de temps de l'intrigue (1943-44 et 2012-13). Je ne peux pas vous en dire plus pour garder l'aventure intacte, mais sachez que je me régale vraiment en découvrant l'histoire et en l'écrivant. J'espère de tout coeur que vous vous régalerez vous aussi en la lisant. :)

À très vite!

PS: La sortie du livre est prévue pour Noël. Je vous tiendrai, bien sûr, au courant. 
(Pour avoir accès à des nouvelles quasi journalières venez jeter un coup d'oeil sur la page Facebook de la trilogie: 
https://www.facebook.com/lesmaitresdelorage)

Monday, April 22, 2013

Version finale de la bande-annonce de Le Vertige du Rhombus.


Chers lecteurs,

Voici la version finale de la bande-annonce de Le Vertige du Rhombus qui sortira en France le 20 mai.

En route, mes amis, l'aventure vous appelle !





CLICK HERE FOR THE ENGLISH VERSION

CLIQUEZ ICI POUR VOIR LE LIVRE SUR LE SITE DE L'ÉDITEUR

Friday, May 4, 2012

"La Marque de l'Orage", quinze jours après sa sortie. // "The Mark of the Storm", two weeks after its release.




 EN FRANÇAIS // IN ENGLISH


Bonjour ! // Hello!

Chers visiteurs, voici quelques photos pour vous tenir au courant du cheminement de La Marque de l'Orage depuis sa naissance au monde il y a quinze jours. //  Dear visitors, it's been two weeks since my book The Mark of the Storm was released into the world. Here are a few photos to keep you posted about what's been happening to it so far.

Il a été présenté en détail dans "Biblioteca magazine" (j'ai été à la fois fière et triste d'être la seule française parmi les traductions d'auteurs étrangers). // It has been presented in detail in the French book magazine "Biblioteca" (I have felt both proud and sad to be the only French author amongst translated foreign writers).




Sa naissance a été dûment arrosée, une ou deux fois, par son auteur sur son île Grande-Bretonne -- remarquez que les British savent vivre et que la taille de leurs verres à vin reflète leur amour des bonnes choses ! // Its birth has been celebrated in due form, once or twice, by its author on her Great British island (note that the Brits know how to live, a fact that is reflected by the size of their wine glasses!).





Voici le livre en France, mis à l'honneur dans une grande librairie à Paris (couverture contre couverture avec Umberto Eco !) // Back to the book, here it is presented in a choice place (on a display desk, cover to cover with Umberto Eco!) in a big Paris bookshop.



Maintenant, c'est avec un mélange d'impatience et de nervosité (difficile de ne pas se sentir nerveuse !) que  j'attends les premiers avis et critiques sur mon livre. J'espère de tout coeur qu'il saura toucher ses lecteurs. // Now it's with a mixture of impatience and nervousness (it would be hard not to feel nervous!) that I'm waiting for the first reviews and opinions about the novel. I hope with all my heart that it will manage to touch its readers.

Merci de votre visite et, je l'espère, à très bientôt ! //  Thank you for your visit and I hope to see you again very soon!

PS: Le livre est maintenant disponible à l'étranger : sur Amazon UK, Amazon Espagne, Amazon Allemagne et sur Fnac Belgique. Pour les francophones vivant aux USA, au Canada et dans le reste du monde, le livre est disponible sur le site Deastore.com (port gratuit dans le monde entier !) :
 

Friday, April 20, 2012

Aujourd'hui, "La Marque de l'Orage" est officiellement sortie! SURPRISE PARTIE VIRTUELLE!

EN FRANÇAIS
LINK TO THE ENGLISH VERSION


À vous tous, BIENVENUE dans le monde de Marwen ! 
À l'orée de la seconde guerre mondiale, sur Enez Disrann, l'île des disparitions, des légendes ancestrales, des orages féroces et des grands mystères...



Pour marquer la sortie de mon roman La Marque de l'Orage aujourd'hui (YOUPI!), j'interromps mon travail sur mon second tome pour vous inviter à me rejoindre sur cette page de célébration. 

Un grand merci de votre visite et, bien sûr, j'espère de tout coeur que mon histoire vous plaira. (Elle est disponible à partir d'aujourd'hui dans toutes les bonnes librairies et en ligne aux adresses habituelles.) PS: N'hésitez pas à me contacter pour me dire ce que vous en pensez !

Voici la couverture qui représente tellement bien l'ambiance du livre :




Voici l'équipe sympathique et passionnée de mon éditeur, Pascal, la superbe "Team Galodé" !




Voici un court extrait de La Marque de L'Orage :

     Marwen grelottait. Certes ses vêtements mouillés la refroidissaient, mais c’étaient surtout ses nerfs qui se relâchaient après avoir été tendus à craquer. Si elle avait pu, elle se serait pelotonnée dans un coin et aurait sommeillé un moment. Mais elle ne s’en donna pas le droit. Elle était sortie du puits inondé mais il lui fallait encore trouver une issue et essayer de sauver Anaïk. Elle ne pouvait absolument pas se laisser aller.
     Péniblement, elle se leva. Son genou douloureux quand elle le toucha avait ressaigné après sa dernière chute. Le mouchoir était saturé de sang mais elle n’avait rien pour le remplacer. Galvanisée par sa peur pour sa sœur et le sentiment d’avoir un devoir à accomplir, elle ne ressentait plus la douleur aussi fort qu’avant.
Les petites lueurs s’élancèrent devant elle comme pour lui indiquer la route à suivre (comme si elles reconnaissaient soudain où elles se trouvaient). Le Manac’h flottait toujours à ses côtés, terne, fidèle et indifférent.
     Marwen ne se sentait pas très stable sur ses jambes. Elle s’appuya au mur un instant avant de suivre les lumières. La galerie était longue. Contrairement au puits, elle semblait avoir été creusée dans le roc par des hommes. Cela rassura Marwen. Si des gens avaient construit ce passage, il devait y avoir une sortie.
     Une arche se dessina enfin au bout du couloir. Les lumières s’y précipitèrent et disparurent dans la salle suivante. Marwen se retrouva dans l’obscurité.
     C’est alors qu’un point lumineux surgit dans la distance. Il s’approcha à une allure vertigineuse et se tint devant elle à la hauteur de son visage. Elle reconnut l’étoile à six branches qu’elle n’avait pas revue depuis des mois, sauf en rêve.
     L’étoile étincelante se mit à tourner sur elle-même et Marwen fut prise d’un vertige qui n’avait rien à voir avec l’altitude ou la peur. Puis l’étoile disparut aussi vite qu’elle était apparue.
     Marwen tituba, choquée par le contraste entre l’ombre et la clarté. Elle ferma les yeux. Des taches lumineuses flottèrent un moment sous ses paupières puis disparurent. Quand elle rouvrit les yeux, elle sut qu’elle avait perdu la vue. Ce n’était pas seulement qu’elle se trouvait dans le noir mais qu’au plus profond d’elle-même elle se savait aveugle.
     Une peur affreuse la submergea. Son père l’avait mise en garde de ne jamais regarder trop longtemps le soleil.
     — Même pendant une éclipse, lui avait-il expliqué, on peut être aveuglé par la clarté du soleil. L’homme est fait pour les expériences moyennes. Pour les fréquences de son moyennes, la luminosité moyenne, les températures moyennes. Nous sommes les créatures du milieu et pourtant nous nous croyons toujours supérieurs aux autres espèces.
     Marwen n’avait pas fixé le soleil, mais une étoile surnaturelle. Le résultat était le même. Ses yeux avaient été brûlés par l’étoile comme ceux de Michel Strogoff, dans le roman de Jules Verne, par une barre de fer rougie à blanc.
     Des pensées affolantes se bousculaient dans sa tête. L’étoile était-elle la raison pour laquelle Maïa était devenue aveugle ? Était-elle le prix à payer pour avoir le don de seconde vue ? Ou était-elle la marque que la forêt imposait à ses serviteurs, tout comme l’orage tatouait trois lignes verticales sur les siens ?
     Le cœur de Marwen battait à se rompre. Dans la Bible on ne parlait que de la marque du diable. On ne parlait pas de la marque du Seigneur. Elle avançait en se tenant au mur pour compenser la perte de ses yeux.
     — Qu’est-ce que ça peut vouloir dire ? lança-t-elle à la solitude du corridor. Est-ce que ça a même un sens ?
     À peine eut-elle parlé qu’un écho lui revint.
     « Sens… sens… sssseeeeennnnsss… »
     Marwen sursauta et trébucha sur une marche descendante. Elle ne retrouva son équilibre que de justesse puis se mit à tâtonner à l’aveuglette autour d’elle. Mais elle ne sentait rien. Il n’y avait plus de lumière, plus de sons, plus de murs. Rien.
     — Dites-moi ce que je dois faire, cria-t-elle dans le vide. Je n’y comprends rien !
    À ces mots, la vue de Marwen lui revint aussi brutalement qu’elle lui avait été enlevée. Ce qu’elle découvrit autour d’elle n’était rien moins qu’extraordinaire.

Et enfin pour ceux qui ne l'ont pas encore vue -- ou ceux qui ont envie de la revoir ! --, la BANDE-ANNONCE du livre (avec musique de Westwind -- un Breton de Brest bourré de talent) :





À vous tous, BIENVENUE dans le monde de Marwen, sur son île, Enez Disrann, l'île des disparitions, des légendes ancestrales, des orages féroces et des sombres mystères...



Tuesday, March 20, 2012

Bande-annonce finale de "La Marque de l'Orage" !


Hourrah! Pour célébrer le fait que mon livre sortira en France dans un mois aujourd'hui (le 20 avril), je suis super heureuse de vous présenter ci-dessous la bande-annonce finale de La Marque de l'Orage accompagnée par la magnifique musique de Westwind (alias Christophe Galès, un Breton comme moi, mais de Brest).

Le livre est déjà dans les listes de plusieurs sites de libraires sur le net, tel celui de la Fnac ICI.

N'hésitez pas à partager la bande-annonce !

Merci !

PS: Pour voir la version plein écran, allez s'il vous plaît sur Youtube.


VERSION 1 (Version Internet, téléchargement rapide mais qualité moins bonne) :




VERSION 2 (Version Haute Qualité -- fichier plus lourd) :





Saturday, December 31, 2011

La Marque de l'Orage

Le premier tome de ma trilogie historico-fantastique "LES MAITRES DE L'ORAGE" est intitulée
La Marque de l'Orage et sort en librairie fin avril 2012. 

Pour en savoir plus, cliquez ICI ou ouvrez l'onglet "La Marque de l'Orage", en haut de la Homepage du blog. Merci!