Tuesday, September 23, 2014

Un extrait du Vertige du Rhombus en attendant La Voix de l'Egrégore...





Chers amis,

Peu de messages de ma part en ce moment car je travaille constamment sur La Voix de l'Égrégore, qui va être encore plus gros que le second tome. Il y a tant à dire et tant à explorer dans ce dernier livre!

En relisant les deux premiers tomes je suis tombée sur des passages qui pour moi expriment parfaitement et succinctement la magie du monde de l'Île Verte. L'extrait ci-dessous en est un. 

Qu'en pensez-vous? En avez-vous d'autres qui vous parlent plus ? 

À très bientôt!







EXTRAIT du VERTIGE DU RHOMBUS



"Arnaud avisa un rocher au bord de l’eau et s’y assit. Il poussa un long soupir qui le vida de lui-même afin de pouvoir s’emplir de ce qui l’entourait : la nuit tranquille, la lune légèrement embrumée qui semblait le contempler avec un petit sourire en coin, le long sanglot de la mer quand elle s’allongeait sur le sable…

Derrière lui, la forêt étendait ses longs doigts obscurs vers la grève. Il la devinait vivante d’une vie nocturne. Bruissant dans la brise légère comme un baiser. Il soupira encore. Son corps se sentait bien. Il eut envie de se plonger dans les bras sombres et ondulants de la mer. Il enleva ses vêtements et entra dans l’eau doucement, recueilli comme pour un baptême. Il s’y plongea tout entier. Nagea dans ses profondeurs froides et noires. Puis en ressortit ébloui par la lune.



Il s’allongea, ruisselant, sur le rocher. La surface rêche égratignant sa peau. Un bonheur presque trop intense lui emplit la poitrine. Son cœur battait si fort qu’il eut peur qu’il explose. Puis le moment de l’extase passa. Il aurait voulu le retrouver. Se tourna d’un côté puis de l’autre. Se rassit sur le roc. Mais rien n’y fit.

Un courant d’air lui glaça le dos. Il frissonna et se retourna. Il eut le sentiment que quelqu’un, caché dans les taillis, l’observait. Il sentit son regard sur lui. Gêné d’être nu, il prit ses vêtements secs et les serra contre lui puis se retourna face à la forêt. Ses yeux fouillaient l’obscurité dense des arbres et ne voyaient rien qui puisse justifier ce qu’il ressentait.

— Il y a quelqu’un ? dit-il timidement.

Il ne reçut comme réponse que le doux flux et reflux de la mer. Pourtant la sensation d’être observé ne s’estompait pas. Il se rhabilla en hâte.

— Il y a quelqu’un ?

Le courant d’air froid le traversa de nouveau et le fit trembler.


C’est alors qu’il distingua une forme blanche entre les troncs épais. De ses yeux écarquillés, il creusait l’ombre opaque. Lentement, la forme sortit du couvert de la forêt. Dans un rayon de lune, elle s’arrêta : imposant et magnifique, comme éclairé de l’intérieur, le grand cerf blanc le regardait.



Le temps s’arrêta, et Arnaud eut le sentiment de disparaître dans ce regard. Un vent puissant se leva autour d’eux. La futaie entière se mit à hurler dans les rafales. Quand le grand cerf se tourna pour repartir dans la forêt, l’adolescent vit une grande balafre noire strier son pelage immaculé, trois lignes sombres, comme une énorme griffure. La marque était trop familière pour être un hasard.


À peine l’animal eut-il disparu qu’Arnaud entendit l’appel :

« Toi, toi, mon petit roi… »

Ses cheveux se dressèrent sur sa tête."





Le grand cerf blanc de l'église de Tréhorentec à Brocéliande en Bretagne.


NB: Je ne possède pas les droits des images.