Chers
amis,
Voici un nouvel extrait de mon roman AYUB, dédié à cette fin 2022 et à l’année 2023 qui va démarrer dans quelques jours.
« Au petit matin, éreinté par la marche et les tourments,
j’osai enfin m’asseoir. Après quelques minutes d’abattement et de stupeur, je
levai la tête et vis, comme inspiré par un élan de conscience absolue, la
perfection qui partout m’entourait, l’herbe humide de rosée, la fraîcheur verte
des arbres, la pâleur dorée du ciel ; et je me souvins de l’extraordinaire
cadeau qui m’avait été fait un soir d’orage dans un parc tout à fait semblable
à celui-ci. Je me rappelai l’indicible beauté de la vision et, en un éclair de
compréhension, je saisis l’essence de la puissance née de l’orage, du mélange
de l’eau et du feu, du mélange de deux contraires : la raison et l’instinct,
l’ordre et le désordre, le bien et le mal... De même, je sentis que si l’aube
était parfaite c’était parce qu’elle retenait encore quelque chose des mystères
de la nuit, tout en s’éclairant doucement des promesses du jour. L’harmonie
absolue de l’univers soudain me frappait et, toute fatigue envolée, je sentis
frémir en moi un bonheur intense. Je compris que j’appartenais au monde : lui
en moi, et moi par lui, avec lui et en lui. Tout était lié, Hawken, l’étoile
que je voyais encore luire dans le ciel clair, l’oiseau qui flottait sur l’air,
l’arbre qui murmurait dans la brise, la fleur qui s’éveillait, le ver qui se
lovait dans l’herbe, le roc qui somnolait, et moi, et tous les êtres. ‘Ce qui
est en bas est comme ce qui est en haut et ce qui est en haut est comme ce qui
est en bas, pour accomplir les miracles de l’unique.’ Pourquoi oublions-nous
tellement souvent le pouvoir de ce si simple secret ? » **
Pourquoi
oublions-nous si facilement que nous faisons partie de l'univers et que ce
dernier est profondément ancré en nous ? Ceci est d'autant plus désespérant que
là se trouvent le sens et la lumière : la clé de notre rédemption face à
l'absurdité et au nihilisme.
Dans
notre oubli se situent la raison profonde de nos sentiments de solitude et de
désespérance et la racine de nos désirs à jamais inassouvis. Dans notre oubli
se situe l'essence même de notre tragédie humaine.
Cette
année a encore été sombre et cruelle pour beaucoup d’entre nous. La guerre en
Europe pour la liberté et la démocratie, contre un dictateur sanguinaire, nous rappelle
combien notre passé européen de guerres incessantes et de crimes contre l’humanité
plane encore, telle une malédiction, au-dessus de nous.
Au Royaume-Uni, où je vis,
les divisions créées par le Brexit s’estompent un peu dans le partage hélas étendu de
la misère aussi psychologique que matérielle, imposée par un gouvernement de droite dure, incompétent, inhumain et corrompu. En Europe, la montée des
extrêmes est une menace de plus en plus pressante contre nos libertés, nos droits de l'Homme et nos démocraties. Pour couronner le tout, derrière ces dangers politiques, il y a l’urgence climatique
qui nous poursuit et que trop peu de nos dirigeants acceptent de prendre
suffisamment au sérieux.
Nous
avons des raisons d’être angoissés. Nous avons aussi des raisons de nous sentir
seuls, si nous vivons avec les yeux grands ouverts alors que, autour de
nous, beaucoup semblent refuser de voir ce qui se passe et ressemblent de plus en plus aux passagers
inconscients qui dansaient et festoyaient à bord du Titanic juste avant le
naufrage.
Mais mon message de fin d’année n’est pas un message de désespoir, au contraire.
Comme
le décrit le passage de AYUB plus haut, l’essentiel est à la portée de
tous, à condition d’oser ouvrir nos esprits, nos perceptions et notre cœur. Les moments d’harmonie
que nous avons, sans doute, tous ressentis à certains instants bénis de nos
vies, nous rappellent que nous sommes bien plus que des consommateurs ou les drones
téléguidés de nos sociétés humaines : nous sommes avant tout des êtres
humains, appartenant au monde du vivant, au miracle de la nature, mais aussi
aux profondeurs de l’inconscient, là où l’on trouve le sacré et la spiritualité
sous toutes leurs formes. Nous sommes les êtres de l’entre deux. Les
enfants le savent parfaitement, qui vivent avec un pied dans le réel et un
autre dans l’imaginaire, mais les adultes l’oublient hélas trop souvent et
perdent tragiquement ce contact essentiel avec leur inconscient, leur essence, leur âme.
Forcer
nos sociétés à changer de l'extérieur soit par des réformes (un moyen louable et positif si ces
réformes sont éclairées), soit, au pire, par la guerre et la violence, ne sauvera jamais
notre monde désormais en réel danger. Nous ne pourrons changer vraiment nos
sociétés que de l'intérieur, c'est à dire lorsque nous accepterons de nous transformer nous-mêmes. Pour
ce faire, il va nous falloir accepter de renoncer à ce qui nous paralyse dans nos préjugés, nos routines de pensée, nos égotismes. Il va nous falloir accepter de lâcher prise, de renoncer aux fausses
certitudes de notre égo et d’accepter de nous ouvrir au monde : d’accepter
de retrouver en nous l’enfant que nous avons été mais avec le bénéfice de la maturité et de l’expérience.
L’avènement de la nouvelle année était souvent représenté traditionnellement par la nouvelle année (sous la forme d’un bel enfant joufflu portant la faux de la mort) tuant métaphoriquement l’année qui se terminait (représentée par un vieillard barbu). De même, toute initiation doit passer par une mort symbolique afin que le travail sur soi-même puisse aboutir à une renaissance et à une transformation. Même si très peu de grands initiés ont existé, nous pouvons tous nous initier afin de devenir le meilleur de nous-mêmes. Je crois profondément que cette exploration personelle et ce travail sur soi (qui forment tout parcours initiatique) sont des clés essentielles pour nous sauver du désespoir mais aussi pour sauver notre monde en danger. Mon livre AYUB décrit ce parcours difficile mais exaltant, qui donne un sens à notre vie et semble désormais plus urgent que jamais.
En alchimie, la mort du vieux roi et l'avènement du nouveau roi. |
Alors, pour cette nouvelle année, chers amis, je nous souhaite à tous les qualités nécessaires pour oser nous lancer dans cette aventure de découverte et de transformation personnelles, d’abord pour nous-mêmes, mais aussi pour nos sociétés et encore plus pour notre belle et miraculeuse planète.
Bonne
année à vous tous, mes amis, bonne chance et bon courage !
** AYUB est un roman initiatique dédié à tous ceux qui cherchent. Il n’impose aucune
réponse, car il existe autant de chemins pour parvenir à l’éveil qu’il existe
d’individus, mais il incite chacun à découvrir que la vie est une quête dont le
départ est au fond de soi. Il est en vente chez l'éditeur sur https://www.editionsphilomenealchimie.com/commander-nos-livres/ayub---un-roman-initiatique-de-veronique-david-martin/ ou sur Amazon ou en commande chez votre libraire.