Saturday, October 31, 2015

Pour Halloween, une histoire de fantômes // For Halloween, a ghost story



Le phare de Tévennec // The Tévennec lighthouse 






Chers amis,


Pour Halloween, je vous offre cette histoire recueillie par le grand Anatole Le Braz (l'auteur de l'extraordinaire Légende de la Mort, texte qui m'a inspirée et terrifiée depuis ma plus tendre enfance).


Elle a pour décor le phare de Tévennec, un phare dont la sombre renommée est bien connue en Bretagne: presque tous les gardiens qui y ont été afféctés sont devenus fous. 


Le phare est maintenant automatique et l'habitation du gardien en ruine, mais un brave aventurier des temps modernes a décidé de faire un séjour de soixante jours sur le récif pour sensibiliser les Français au sort de leur patrimoine en péril. Tous mes meilleurs voeux à ce vaillant homme et préparez-vous à frissonner non pas de terreur mais d'angoisse. Ceci est une histoire vraie!



L"ESPRIT DU PHARE



J'étais alors seul et unique gardien au phare de Tévennec. Vous connaissez ce rocher, — un caillou juste assez grand pour recevoir la tour de feu qu'on a bâtie dessus. La vie que j'y menais n'était pas précisément folâtre. Pas d'autre visite que celle du Ravitailleur qui, tous les huit jours, si la mer n'était pas trop mauvaise, abordait un instant mon récif, déposait sur l'étroite plate-forme de l'huile pour le fanal et des provisions de bouche pour moi, puis filait vers Sein ou vers Ouessant. La conversation était brève :

— Ohé, Porzmoguer !

— Ohé, patron !

— Tout va ?

— Tout va.

— Alors, à la prochaine !

— A la prochaine !

Et je rentrais dans ma prison où je n'entendais plus d'autre bruit que le mugissement des vagues, le ronflement du vent et les cris variés des oiseaux de passage qui venaient parfois, la nuit, s'écraser contre les vitres éclairées de la lanterne... 

Si pourtant ! il m'arrivait aussi, par moments, de percevoir dans l'intérieur même du phare des sons singuliers, propres à me donner à penser que je n'étais pas, autant que je le supposais, le seul habitant du lieu : c'étaient tantôt des pas au- dessus de ma tête, sur le plafond de la chambre que j'occupais pendant le jour, tantôt le frôlement de quelqu'un d'invisible, dans l'ombre de l'escalier, lorsque je montais allumer le feu, tantôt un appel brusque qui me faisait sursauter, en m'apostrophant par mon nom de baptême :

— Henri !... Eh ! Henri !...

Dans les premiers temps, en m'entendant héler de la sorte, je répondais :

— Quoi ? Qu'est-ce que c'est ?

Et je descendais quatre à quatre les marches pour aller voir, au seuil de la tour, si ce n'était pas quelque pêcheur de ma connaissance qui, pas- sant à portée, par hasard, souhaitait d'échange avec moi un mot ou deux. Mais j'avais beau re- garder à droite et à gauche, toujours les abords de la roche étaient vides. Si bien qu'à la longue j'avais pris le parti de ne plus prêter d'attention à ces appels ni aux autres bruits étranges dont j'avais été un peu troublé au début et qui, main- tenant, me faisaient, pour ainsi dire, compagnie dans ma solitude.

Né et élevé à l'Ile de Sein, je n'étais pas, vous vous en doutez, sans savoir les récits lugubres qui couraient sur Tévennec. Du plus loin qu'on se souvienne, cette pierre à naufrages a été considérée comme un endroit hanté par les morts de la mer. Avant qu'on l'eût surmonté d’un phare, ils s'y agrippaient, prétendait-on, aussi nombreux que les cormorans à leur rocher de prédilection. 

Mais, par exemple, une chose qui n'était pas niable, attendu qu'elle était arrivée au vu et au su d'un chacun dans ces parages, c'est qu'un navire de nationalité inconnue ayant sombré, durant les tempêtes d'équinoxe, à peu de distance de Tévennec, un des marins, le seul survivant, avait réussi à s'y réfugier et, pendant quatre jours et quatre nuits, avait crié : à l'aide ! sans qu'il fût malheureusement possible de se porter à son secours, soit de l'Ile, soit de la Grande Terre. Il périt là, d'angoisse, de froid et de faim. 

Quand l'état de la mer permit d'accoster la roche, son cadavre avait disparu, mais en laissant dans un des creux de la pierre une large tache couleur de sang qui, depuis, ne s'est jamais effacée. Son anaon continua de hanter la place où il était mort et, après la construction du phare, le sentiment général fut que l'on y avait enfermé son Esprit. J'essayai de me persuader que c'était cet Esprit à qui je devais attribuer les bruits en question et, du moment que sa présence n'était pas autrement nuisible, je m'appliquai à faire sem- blant de l'ignorer, poussant même la discrétion jusqu'à n'en point parler aux miens, lorsque j'étais de congé à terre.

Nous faisions ainsi fort bon ménage, lui et moi, quand au retour d'une de ces relèves, un cousin à ma femme s'ofïrit à m'accompagner au phare pour y passer une huitaine. Les règlements, à l'époque, n'étaient pas aussi stricts qu'aujour- d'hui. J'emmenai ledit cousin, — un nommé Cléden Guilcher, de Plogoff — et nous nous installâmes tous deux dans ma chambre, décidés à tuer ensemble le temps aussi gaillardement qu'il serait en notre pouvoir. 

Pendant trois jours, les choses marchèrent le mieux du monde. Mais, sur la fin de la troisième journée, comme nous étions en train, après le repas du soir, de déguster un excellent café, voilà que, tout à coup, à l'étage d'en dessus, l'Esprit commence à faire des siennes. Et il ne se contentait plus, cette fois, de marteler le plancher avec ses bottes : il devait, en outre, charpenter on ne savait quoi, car on l'en- tendait qui maniait à tour de rôle la scie et le rabot. Cléden Guilcher écoutait, tout ahuri.

— Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda-t-il enfin, quand il fut revenu de son premier saisisse- ment. 

— Oh ! fis-je, ne sois pas étonné. C'est déjà gentil de sa part qu'il se soit tenu tranquille jusqu'à présent.

— Qui, il ?


— Quelqu'un qui me connaît, apparemment, car il m'appelle souvent par mon nom. Mais, pour ce qui est du sien, il ne me l'a jamais confié.

— Et il a l'habitude de se livrer à ce boucan ?

— Presque toutes les nuits.

— Drôle de corps, en vérité.

— J'ai idée que c'est plutôt un Esprit.

— Brr ! Tu me glaces les os.

— Eh bien ! réchaufîe-les avec ce pousse-café.

 Je lui versai une ample rasade d'eau-de-vie. Cela lui redonna du cœur. Il tenta de plaisanter et, comme le bruit augmentait là-haut, il me dit, en riant d'un rire un peu narquois :

— Tu ne sais pas ? A ta place, moi, j'inviterais ce particulier à descendre trinquer avec nous. Comme cela, du moins, il nous ficherait la paix, et puis, peut-être qu'il nous révélerait son histoire, quand un" bon coup de « schnick » lui au- rait délié la langue. Le cousin avait à peine terminé sa phrase que l'Esprit aussi faisait soudain silence.

— Tu vois, reprit Guilcher, il a suffi de ma proposition pour le calmer. Va donc : tu n'auras pas à le prier longtemps pour qu'il l'accepte.

Seul, vous concevez bien que je n'eusse jamais eu l'idée d'une pareille démarche, et, en tout cas, je n'aurais jamais eu l'audace sacrilège de la mettre à exécution Mais le cousin était là : je ne voulais pas qu'il pût croire que j'avais peur et, sans plus réfléchir, je me précipitai dans l'escalier. 

L'étage où se produisait ordinairement le sabbat était celui que se réservait l'ingénieur des ponts et chaussées, lorsqu'il venait au phare en tournée d'inspection. J'en avais la clef à mon trousseau : je l'introduisis dans la serrure et, la porte ouverte, m'avançai d'un pas ou deux dans les ténèbres de la pièce qui était noire comme une tombe. 

Rien… n'y remuait. Dès l'entrée, néanmoins, j'avais senti sur ma face un souffle humide, imprégné d'une fade odeur de mort, qui m'avait donné froid jusque dans les moelles. Je dus affermir ma voix pour articuler d'un ton assez net :

— Qui que vous soyez, montrez-vous et faites à deux chrétiens, qui vous y invitent, le plaisir de descendre boire un verre avec eux.

— Bravo ! cria d'en bas Cléden Guilcher.

Quant à la réponse de l'Esprit, ne me demandez pas quelle elle fut, ni même s'il en fit une, car, au moment où j'achevais de prononcer la dernière syllabe, je reçus en pleine poitrine un tel choc que je m'abattis comme foudroyé sur le carreau. Et de ce qui se passa ensuite je n'eus plus aucune conscience. Je sais seulement qu'il était plus de minuit lorsque je recouvrai mes sens et que j'étais moulu par tous les membres, comme si j'avais été roué de coups pendant des heures. 

Revenu à moi, je me ramassai de mon mieux, mais sans pouvoir appuyer sur mes jambes, tant elles étaient rompues, et ce fut à quatre pattes et à reculons que je dévalai vers ma chambre. La lampe y agonisait sur la table ; je cherchai des yeux le cousin : il ne restait de lui d'autre trace que son verre qu'il avait oublié de vider, — une chose, entre parenthèses, qui n'était guère dans ses habitudes. Je l'appelai à cinq ou six reprises, non sans anxiété.

 Holà, Cléden!... Cléden Guilcher!... Pour l'amour de Dieu, où es-tu ?

Une tête ébouriffée, baignée encore d'une sueur d'épouvante, sortit enfin de dessous le lit et, l'instant d'après, le cousin tout entier réapparaissait à ma vue.

— Il ne t'a donc pas réduit en bouillie ? demanda-t-il en respirant avec force. 

— Pas tout à fait, mais quasi. Tu l'as entendu s'exercer sur moi ?

— Il aurait fallu être un triple sourd pour ne pas entendre : c'était comme une batterie de vingt fléaux tombant sans discontinuer sur l'aire. La tour en tremblait jusque dans ses fondations : j'ai cru qu'elle allait s'écrouler sur moi, et c'est dans l'attente de la minute suprême, pour ne pas voir venir la mort, que je me suis fourré sous le lit.

— Eh bien ! à cette heure, fourrons-nous dedans, grommelai-je. Je n'en puis plus. 

Le lendemain, je m'étonnai de ne pas me réveiller avec des cheveux blancs, et, quinze jours plus tard, j'avais donné ma démission. L'Esprit de Tévennec m'avait dégoûté pour jamais du métier de gardien de phare.


(Conté par Henri Porzmoguer, dit « Tonton Ri » — Ile de Sein.)






Dear friends,

For Halloween, I give you this story collected by the great Anatole Le Braz (author of the extraordinary The Breton Legend of Death, a book that has inspired and terrified me since childhood).

It is set in the Tévennec lighthouse, a beacon whose sombre reputation is well known in Britanny: almost all the guards who were assigned to it went crazy.


The lighthouse is now automatic and the guardian's house is crumbling, but a brave modern adventurer has decided to spend sixty days on his own on the reef to sensitize the French to the dire state of this great historic lighthouse. All my best wishes to this valiant man, and prepare yourselves to shudder not with fear but with unease and disquiet. This is a true story!

(I have slightly adapted/simplified the story to be read around a fire at Halloween with children -- from age 8 or 9. The sound effects I have added for the sea, the wind and the spirit allow for audience participation. Have fun!)




THE LIGHTHOUSE SPIRIT



I used to be the one and only keeper of the lighthouse of Tévennec. It was built on a rock just large enough to accommodate its foundations. The life I led there was not exactly exciting. I had no other visit than that of the provisioner who, every eight days, if the sea was not too bad, would approach my reef for a brief moment to bring oil for the lantern at the top of the tower and food for me, before speeding off towards the neighbouring islands of Sein or Ouessant.

When he unloaded the provisions on the narrow platform next to the lighthouse, our conversation was always brief:

- Ahoy Martin!

- Hey, boss!

- All right?

- All right.

- Then, till next time!

- Till next time!

And I would return to my prison where I heard no sound apart from the bellowing of the waves (WOOSH), the howling of the wind (WOOH) and the cries of passing birds who sometimes at night, came crashing against the lighted windows of the lantern’s lighted windows...

And yet! There were also times when I could hear strange sounds from inside the lighthouse: noises that made me think that I was not, as I was supposed to be, the only inhabitant of the place. Sometimes, above my head, on the ceiling of the room I occupied during the day there was the banging of footsteps (BANG! BANG! BANG!). 

Sometimes I felt the brushing against me of someone invisible in the shadows on the staircase when I went to light the lantern. And sometimes there was a sudden call of my name “Henri ... Hey!  Henri!” that made me jump with surprise.

At first, on hearing these calls, I would answer:

- What? Who’s there?

And I would run down the stairs to the entrance of the tower, to see if it was a fisherman I knew who, passing by chance within reach of my rock, wanted to exchange a few words with me. But it was useless to keep checking right and left, because, each time, the area around the rock was empty. 

Eventually, I decided no longer to pay attention to these calls and other strange noises which had disturbed me at first. They even became for me like companions in my loneliness.
Born and raised on the Ile de Sein, I knew all the terrible stories that circulated about the rock of Tévennec. 

As far back as could be remembered, this shipwrecking rock had been considered as a place haunted by the ghosts of those drowned at sea. Before the lighthouse was built, people said that the rock was crawling with spirits, as numerous as cormorants resting on a favourite rock.

One tale that had happened there couldn’t be denied, since it had happened in full sight of everyone in the area: a ship had sunk during the wild autumn storms, not far from Tévennec. One of the ship’s sailors, the only survivor, had managed to take refuge on the rock, and for four days and four nights, he had cried out for help. Unfortunately, the sea was so bad that no-one could come to his aid, either from the Island of Sein or the Mainland. The poor man had died there, of fear, cold and hunger.

When the sea conditions permitted at last to land on the rock, his body had disappeared, but left in a hollow stone was a large blood-red stain which has since never been erased. It was believed that the sailor’s soul continued to haunt the place where he had died and, after the construction of the lighthouse, the general feeling was that his ghost had been locked inside.

I tried to convince myself that it was this sailor’s spirit making all the noises I‘d heard and that, as long as his presence was not otherwise harmful, I would just apply myself to pretend to ignore him. I even pushed my discretion to the point of not talking about it to my family when I went back home on shore leave. Actually, the Spirit and I were getting on pretty well together, until one day when I came back from one of my shore-leaves with a cousin who had insisted on staying with me at the lighthouse for a week.

My cousin (he was called Pierre) was a bit of an arrogant and pushy young man. He had insisted so much that I felt obliged to bring him back to the lighthouse with me. We both settled in my room, determined to spend our time together in as merry a way as was possible. For three days, all went really well. There was no sound in the lighthouse apart from that of the wind blowing (WOOH), of the sea bellowing (WOOSH!) and of the sea birds crying…

But, at the end of the third day, as we were enjoying a lovely cup of coffee after our evening meal, suddenly, on the floor above, the Spirit began to misbehave. And he was no longer content this time to hammer the floor with his boots (BANG! BANG! BANG!), he was also playing the carpenter with sounds like sawing and planing wood.

My cousin Pierre listened, astounded.

- What’s that? he asked, when he’d recovered from the shock.

- Oh! I said, don’t be surprised. It's already nice of him to have kept quiet until now.

- Who is “he”?

- Someone who seems to know me because he often calls me by name, although he’s never told me his name.

- And he usually makes that much noise?

- Almost every night.

- Funny fellow, isn’t he?

- Fellow? I think he’s not so much a fellow as he is a ghost.

- Brrr! You’re making me go cold all over!

- In that case! I said, you’d better warm yourself up with this!

I poured him a large swig of brandy in his coffee, which soon gave him back some heart. He tried to joke and, as the noise was growing louder upstairs, he said, with a little sardonic laugh:

- You know what? In your place, I’d invite down that strange neighbour of yours to have a drink with us. This way, at least, he would keep quiet and maybe he would even tell us his story when a "good drink" had loosened his tongue.

My cousin had barely finished his sentence that the ghost became suddenly silent. There was no more sound in the lighthouse apart from that of the wind blowing (WOOH!) and of the sea bellowing (WOOSH!)…

- You see, Pierre went on; it’s taken only my proposal to calm the ghost down. Go on! You won’t have to beg him long for him to accept.

Alone, as you can imagine, such a stupid idea would have never crossed my mind, and, if it ever had, I never would have had the foolishness to act on it. But my pushy cousin was there and I didn’t want him to believe I was afraid so, without thinking, I rushed up the stairs.

The floor where the noise usually happened was reserved for my boss, the engineer in charge of Roads and Bridges, when he occasionally came to the lighthouse on an inspection tour. I had the key on my keychain. I slid it into the lock and opened the door, which made a deep creaking sound. Gathering all my strength, I stepped into the room that was as dark as a cave.

There was no sound or movement in there. Yet, when I came in, I felt on my face a wet breath, heavy with a horrible smell of rottenness, which made me cold all over. I had to strengthen my voice to articulate in a fairly clear voice:

- Er-Erm… Whoever you are, show yourself, and give us the pleasure of your company for a drink with us downstairs.

- Bravo! I heard my cousin Pierre shout from below.

As for the ghost’s reply, don’t ask me what it was, or even if there was any, because as soon as I had spoken the last word of my invitation, I received such a blow in the middle of my chest that I was knocked down as if struck by lightning and I lost consciousness.

Whatever happened next I don’t have the slightest recollection. I only know that it was past midnight when I recovered my senses and that my body was aching, as if I had been beaten for hours. I tried to pick myself up as best I could but wasn’t able to stand on my legs, because they were trembling so much. So it was on all four and backwards that I made my exit from the dark room as fast as I could.

When, aching all over and shivering with fear, I arrived in my room; the light of my lamp was dying on the table. I looked around for my cousin: but there was no trace of him apart for his glass left half empty, - something which was not at all his habits.

I called him five or six times with growing anxiety.

- Hello, Pierre ... Pierre Martin ... For goodness sake, where are you!?

I had all but given up on him when, at last, a tousled head, still bathed in a sweat of terror, came out from under the bed, and the next moment my cousin reappeared fully into my view.

- You weren’t reduced to a pulp? he said, breathing hard.

- Not quite, but almost. You heard him practice on me?

- You’d have had to be stone deaf not to hear: it was like a battery of twenty flails falling continuously over the same area. The tower trembled to its foundations: I thought it was going to collapse on top of me!

- Thanks for your help! I muttered under my breath.

But my cousin was not listening to me.

- It was so terrifying! He went on. And it’s while I was waiting for my last moment on Earth that I hid myself under the bed, so that I wouldn’t see death coming to me.

- Well! I grumbled, for now let’s get into that bed. I’m totally shattered.

The next day, I woke up to the sounds of the waves crashing outside (WOOSH!) and the wind howling (WOOH!) but the ghost remained silent. I was astonished not to wake up with white hair from the horrors of the night, and, two weeks later, I handed in my notice. The ghost of Tévennec had deterred me forever from being a lighthouse keeper!



 Une merveilleuse illustration de l'artiste PJ Lynch -- bateau dans la tempête  // 
A wondrous illustrations by the artist PJ Lynch -- boat in a storm


Tuesday, September 8, 2015

Hier, il y a soixante-quinze ans, le Blitz de Londres commençait... // Yesterday seventy five years ago the London Blitz was starting...






Chers amis,

Le 7 Septembre 1940, il y a soixante-quinze ans, les Allemands commencèrent une attaque féroce sur les citoyens britanniques afin de détruire leur moral. L'idée était que s'ils avaient perdu leurs maisons et des membres de leur famille, s'ils craignaient pour leur vie et celle de leurs proches, de leurs enfants, ils feraient pression sur leur gouvernement pour que la Grande-Bretagne se rende à Hitler.




Cela débuta avec les bombardements de Londres, qui, pendant 57 nuits consécutives, déclenchèrent un enfer destructeur d'une rare violence sur ses habitants. Au sein de cette campagne vouée à détruire le moral des Britanniques, de nombreuses autres villes furent aussi réduites en ruines -- même des endroits seulement réputés pour leur beauté comme la ville de Bath (au cours des raids "Baedeker").






Mais c'était sans compter avec la force de vision et de caractère, ainsi que le génie oratoire, du Premier Ministre britannique, Winston Churchill, qui inspira son peuple à l'héroïsme et à la résistance. La patience, l'humour, le courage et la solidarité manifestés par les bombardés est depuis devenue légendaire.




Churchill au milieu des ruines à Londres en septembre 1940





Nous savons bien sûr maintenant comment se termina la guerre, mais mettons-nous un instant à la place des gens de l'époque: avec au ventre une terreur constante, avec au coeur le deuil et le chagrin, avec aucun espoir réel de voir la guerre se finir, il est extraordinaire qu'ils aient résisté si longtemps.

N'oublions jamais combien nous devons à ceux qui nous ont précédés et qui nous ont montré la voie du courage et de la solidarité humaine.


N'oublions pas non plus que certains de nos contemporains vivent encore de nos jours l'enfer et la terreur de la guerre : tendons-leur une main aidante à chaque fois que cela nous est possible.

Syrie, 2015

Londres, années 40

Cliquez ICI pour voir un film de l'époque sur 
le Blitz de Londres.



Dear friends,

On the 7th of September 1940, seventy five years ago, the Germans started an outright offensive to attack British citizens in order to destroy their morale. The thought was that if they lost their houses and members of their families, if they feared for their life and that of their loved ones, their children, they would put pressure on their government to surrender to Hitler.




It started with the bombing of London for 57 consecutive nights, unleashing a hell of violence and destruction on its inhabitants. In the same campaign to ruin British morale many other cities were destroyed, even places only renowned for their beauty like the city of Bath (during the so-called Baedeker raids). 






But the Germans had not taken into account the strength of vision and character, as well as the oratory genius, of the British leader, Winston Churchill, who whipped his people into heroism and resistance. The resilience and humour, courage and solidarity shown by the bombarded have since become the stuff of legends.




Churchill in the midst of ruins in London - September 1940







We now know what we know about the outcome of the war, but let's put ourselves into people's shoes at the time. With constant terror, grief and no end of the war in sight, it's a true wonder they lasted so long. 

So let's never forget how much we owe the people who have preceded us and who have shown us the way of courage and human solidarity. 

Let's not forget either that some of our contemporaries are still experiencing nowadays the hell and terror of war and that we should try to extent a helping hand to them every time we can.

Syria, 2015


London, 1940s


Click HERE to watch footage of the London Blitz.

Tuesday, August 25, 2015

Hommage à ma grand-tante Dorite, une héroïne du quotidien.


Tante Dorite dans les années 50.


Tante Dorite est morte... 


Des mots qui ne surprennent pas lorsqu'il s'agit d'une dame de 98 ans. Des mots qui offrent même plus de réconfort que de chagrin lorsqu'il s'agit de quelqu'un que son esprit avait hélas quitté il y a déjà des années ne laissant plus qu'une frêle coquille là où il y avait eu une femme qui irradiait de vie et d'intelligence.

Parce que Tante Dorite était avant tout une étincelle. Discrète dans sa jeunesse, une violette d'apparence timide, elle a réussi à transformer une vie de renoncements, de deuils et d'abnégation en une existence riche et belle grâce à son attitude face à la vie. 

Elle était artiste ayant, comme son frère Henri, un réel talent pour la peinture. Sans avoir jamais pu voyager, elle était intéressée par tout : l'histoire, le monde, les livres, la musique... Une fan du grand Teilhard de Chardin, comme son frère, mon grand-père Alfred, elle était d'une profondeur spirituelle à la fois intense et subtile. Son ouverture d'esprit, son enthousiasme et son énergie l'avaient transformée en exploratrice. 

C'est elle qui, lorsque j'étais adolescente, m'a appris à reconnaître les étoiles. Je nous revois, la nuit, sur son balcon, explorant le ciel criblé d'étoiles pendant des heures avec sa lunette d'astronome, et je ne regarderai jamais Orion (avec Rigel la bleue et Bételgeuse la rousse) sans penser à elle. 

Elle a été aussi pour moi une source constante de soutien et d'encouragement dans mon travail d'écrivain : je n'oublierai jamais lorsque, me parlant d'un recueil de nouvelles que j'avais écrit, elle m'a dit que mes grands-oncles seraient fiers de moi. Je me souviens de ma fierté et de ma joie -- son avis avait beaucoup d'importance pour moi car elle était d'une intelligence aiguë et d'une honnêteté totale. 


Tante Dorite, c'est aussi la jeune fille de dix-huit ans qui a eu le courage extraordinaire d'aller plaider au siège de l'Abwehr à Paris pour la vie de son frère tant aimé, Marcel, un héro de la Résistance fusillé au Mont-Valérien en 1943. C'est aussi la jeune fille qui n'a jamais pu se marier à cause des ravages de la guerre ; la jeune fille dont la vocation de peintre fut écrasée lorsque sa mère (mon arrière-grand-mère) la força à interrompre ses études aux Beaux-arts de Paris (les jeunes filles de bonne famille n'avaient pas le droit de vivre pour elles à cette époque). 

Elle a dû surmonter aussi de très grands chagrins lorsque ses frères tant aimés moururent les uns après les autres ; leur famille, leur fratrie (elle était la seule fille de cinq enfants) était unie par un amour immense. 

Pour moi, une de ses petites-nièces, pour Maman, une de ses nièces, et pour le reste de la famille j'en suis sûre, elle restera à jamais cette présence forte, lumineuse, drôle et si charmante qui représentait un temps hélas passé de dignité, de courage, d'humour, de modestie, de devoir et d'héroïsme. 


Bien chère Tante Dorite, repose en paix, tu le mérites. Nous ne t'oublierons jamais.




Au mariage d'un ami dans les années trente (à droite).

Avec trois de ses frères adorés en 1944 -- Alfred, Louis et Henri.

Marcel, son frère fusillé en 1943 au Mont-Valérien parce qu'il était résistant (ici en 1940).

Avec Maman, sa nièce, dans les années 50.


Saint-Malo.
Nous avons la tristesse de vous faire part du décès de Mademoiselle Marguerite COTTERET 
survenu dans sa 99e année. 
De la part de : 
Mme veuve Louis Cotteret, 
sa belle-soeur; 
ses nombreux neveux et nièces, cousins et cousines ainsi que toute la famille et ses amis. 
La cérémonie religieuse sera célébrée mardi 25 août 2015, à 14 h 30, en l'église Sainte-Croix de Saint-Malo. 
La famille remercie l'ensemble du personnel de l'EHPAD des Corbières. 



NB: Ces photos sont des photos de famille et ne doivent pas être utilisées sans permission.