Derrière le livre // Behind the book



Maïa, la sorcière, et le grand chien gris  // Maïa, the witch, and the tall grey dog (Zdzislaw Beksinski)

De l’inspiration derrière le livre, de la magie des histoires et du "réalisme fantastique" :


Q. Comment vous est venue l’idée de ce livre ?

J’ai longtemps porté ce livre en moi avant de l’écrire. Ma première source d’inspiration vient des contes et légendes traditionnels et des histoires de guerre qui ont bercé mon enfance et m’ont nourrie d’un riche mélange de réel et d’imaginaire.

Très vite j’ai réalisé que toutes ces histoires parlaient en fait de la même chose, c’est à dire de l’Homme Eternel, et qu’elles nous donnaient accès à notre savoir le plus profond, à notre inconscient collectif. A travers mon livre, j’ai donc cherché à explorer les profondeurs du cœur de l’homme, ses ténèbres, mais aussi et surtout sa lumière, l’espoir indéracinable qui le transcende et le porte au-delà de ses propres limites.

Ma seconde source d’inspiration a été mes lectures. J’ai toujours été une lectrice vorace et j’ai recherché au cours de mes années d’écriture et d’études littéraires, ce qui caractérisait mes lectures préférées, pour tenter de recréer leur magie inoubliable.

Q. Cette magie, pour vous, de quoi est-elle faite ?

En premier lieu, elle est dans le pouvoir de happer le lecteur, de l’extraire de son quotidien pour le plonger dans une atmosphère particulière, chargée de mystères dont il n’a pas les clés. Le rôle de l’île dans mon livre n’est pas innocent, c’est le lieu clos, le lieu symbolique de l’enfermement initiatique, qui retient les personnages et le lecteur. L’île, métaphore du livre…

Je voulais aussi que le lecteur se sente happé par l’histoire : mon intrigue est construite autour d’une aventure, d’une quête, qui aiguise l’envie de savoir ce qui va se passer ensuite.

Cependant La Marque de l’Orage a l’ambition de n’être pas seulement un livre de suspense et d’aventure… Car la magie, c’est encore de présenter au lecteur des personnages vrais et attachants dont il devient l’intime.

Marwen, le personnage au centre de l’histoire (pour ne parler que d’elle faute de temps) est à la fois une enfant, écartelée entre un monde imaginaire troublant et un monde réel en désarroi, et une jeune adulte, face à une responsabilité écrasante, qui n’est pourtant pas encore capable de toujours décrypter le monde des grands. De sorte que le lecteur plus averti qu’elle, est parfois en avance sur elle. Ce décalage permet d’absorber l’attention d’un lecteur adulte et d’un lecteur adolescent : ils ont accès à deux niveaux différents de la même histoire.

Un autre aspect de la magie, c’est de faire partager des émotions authentiques, des sentiments vrais, sans oublier l’humour, la dérision et l’espoir ; en bref, de montrer la vie qui continue en filigrane de la tragédie, son renouvellement perpétuel, les premiers émois de l’amour, la peur du lendemain… L’ombre et la lumière… Une lumière dont la clarté revêt à mes yeux une importance toute particulière en ces temps incertains que nous vivons actuellement.

Je dirai enfin que j’ai toujours incorporé dans ma création les dimensions du fantastique et de l’inconscient, car ils me semblent seuls capables de traduire la complexité visible et invisible de notre monde et de nous-mêmes. J’ai donc intégré dans mon livre cette dimension fantastique, nourrie également d’histoire récente (la guerre), de celtisme et de tout un vieux fond universel et quasi-animiste qui plonge dans la nuit des temps et de ma propre mythologie.

C’est dans cet alliage "réaliste fantastique" des genres, roman d’aventure, roman d’initiation, roman historique et roman fantastique, qu’est née La Marque de l’Orage.

Q. Pour ceux d’entre nous qui n’ont pas lu votre livre, pourriez-vous nous dire à quoi on pourrait le comparer ?

On m’a déjà posé cette question plusieurs fois !  Après y avoir réfléchi, je me suis dit que si je devais le comparer, ce serait à un film, « Le Labyrinthe de Pan », de Guillermo del Toro, au niveau du mélange histoire / fantastique et de l’atmosphère… mais avec une touche d’Indiana Jones pour l’aventure et l’humour.

Certains de mes lecteurs l’ont comparé aux romans de Carlos Ruiz Zafon.

NB : Malgré un intérêt commun pour l'histoire occulte et les anecdotes ésotériques, l'appellation "réalisme fantastique" ne fait pas ici référence au mouvement créé par Jacques Bergier et Louis Pauwels dans les années soixante. Elle est juste une description d'un certain mélange de genres littéraires et d'un cocktail particulier de réalisme et de fantastique. 



Of the inspiration behind the book, of the magic of stories and of "fantastic realism":

Q. How did you get the idea for the book?

I carried the idea with me for a long time before writing it. My primary inspiration comes from the traditional tales and legends, and also the family anecdotes of the Second World War, which filled my childhood with wonderment and fed me on a rich diet of both real and imaginary adventures.

Soon I realized that all these stories were actually describing aspects of the same thing, “Eternal Man”, and that they gave us access to our deepest knowledge, our collective unconscious. Through my book, I sought to explore the depths of the human heart, its darkness, but also and above all its light: the indestructible hope that transcends us and can push us beyond our own limits.

My second inspiration was reading. I've always been a voracious reader and over my years of studying literature and writing, I’ve looked for what characterized my favourite books, with the hope to try to recreate their unforgettable magic.

Q. To you what is this magic made of?

First, it is the power to grab the reader, to take him out of his daily life and plunge him into another atmosphere, full of mysteries to which he has no answers. The role of the island in my book is not neutral. It is the enclosed, symbolic place of initiation, which retains the characters and the reader: the island as a metaphor of the book.

I also wanted the reader to feel drawn into the story. I built my plot around an adventure, a quest, which makes you want to turn the pages to find out what happens next.

The Mark of the Storm has, however, the ambition not to be just a book of suspense and adventure. For the magic is also in presenting the reader with real and engaging characters with whom he can develop an intimate relationship.

Marwen, the story’s main protagonist, is a child torn between a disturbing imaginary world and a real world in disarray. She is also a young adult faced with an overwhelming responsibility, but who is not yet always able to decipher the world of adults. As a result, the more mature reader is sometimes ahead of her. This discrepancy can absorb the attention of both adult and adolescent readers: they have access to two different levels of the same story.

Another aspect of the magic is to share authentic emotions, real feelings, not to mention humour, derision and hope… In short, to show that life goes on despite tragedy, with its constant renewal, the first stirrings of love, the fear of tomorrow ... The shadow and the light.

Finally I just want to say that I have always incorporated in my writing the dimensions of fantasy and of the unconscious because, to me, they alone seem able to translate the complexity of our world and of ourselves. This is why I have included in my book this fantastic dimension, enriched by recent history (the war), by ancient Celtic lore, and by an old, universal, and almost primeval cache of stories that reaches deep into the mists of time and of my own mythology.

It is in this "fantastic-realist" mix of genres, adventure story, story of initiation, historical fiction and fantasy, that The Mark of the Storm was born.

Q. For those of us who have not read your book, could you tell us what it could be compared to?

I’ve been asked this question several times! Upon reflection, I think that if I had to compare my novel to something, it would be to a film, "Pan's Labyrinth" by Guillermo del Toro, because of its atmosphere and of a similar mix of history with fantasy... but I would add to that a touch of Indiana Jones for adventure and humour.

   Some of my readers have compared it to the novels of Carlos Ruiz Zafon.

NB: Despite a shared interest in occult history and esoteric anecdotes, the label "fantastic realism" does not refer here to the movement created by Jacques Bergier and Louis Pauwels in the 1960s. It is just a description of a certain mix of literary genres and of a particular cocktail of realism and fantasy.


2 comments:

  1. L'île comme métaphore du livre, le labyrinthe de Pan, en voilà assez pour aiguiser ma curiosité... Je ne lis pas souvent de fantastique mais je vais mettre votre trilogie dans ma liste de lecture ;)
    Je repasserai de temps en temps par ici...

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    1. Un grand merci à vous, Sébastien! Le fantastique qui me fascine est profondément ancré dans la réalité et dans les profondeurs de nos inconscients personnel et collectif. Il se situe juste derrière le rideau des apparences; il est la dimension cachée des choses... Merci de votre visite et au plaisir de vous reparler!(D'après votre si beau blog, nous avons, il me semble, vraiment des goûts en commun!)

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